Quand une startup ayant un peu plus de deux ans d’existence lève 50 millions $ – c’est arrivé il y a quelques jours – avec pour investisseurs de tête des signatures comme Goldman Sachs, Accel Partners ou le fonds chinois IDG Capital Partners, cela mérite un coup d’œil. Surtout quand cette startup annonce une révolution de l’économie mondiale et semble bien avoir les moyens de la réaliser !
Pour découvrir Circle, créée en 2013 à Boston par des routiers de l’internet comme Jeremy Allaire, il faut d’abord aller sur son site – déjà en Français. Circle propose une application pour réaliser des paiements instantanés, sûrs et gratuits de n’importe où à n’importe où dans le monde.
Vous avez bien lu. Un système de paiement universel et gratuit, offrant des règlements instantanés, une interopérabilité mondiale et une sécurité au moins équivalente à celle que l’on trouve dans les systèmes de paiement internationaux. Que demander de plus ? Qui d’autre est capable de le proposer ? Pas les banques.
En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Les échanges ne sont possibles qu’en dollars pour le moment mais d’autres devises seront intégrées bientôt. Comment cela est-il possible ? Circle est, à la base, un système de paiement en bitcoin. Il en ouvre simplement le mode de fonctionnement, décentralisé, universel et quasi gratuit aux autres monnaies.
Nous en avons prévenu : les blockchains, ces systèmes de transaction open source sans intermédiaires centraux, tels que les banques ou les banques centrales, annoncent la vraie fin des banques telles que nous les connaissons. Circle en offre le premier exemple patent et l’un des plus potentiellement importants. Car les banques n’auront rien à opposer à un système international de paiement qui rend tous les autres inutiles, technologiquement dépassés et leurs coûts injustifiés.
Circle n’apporte pas une technologie propre ainsi mais une vision, d’ailleurs très clairement exprimée :
« Nous sommes dans une économie mondiale de plus en plus intégrée, dont le moteur est l’Internet et dans laquelle les identités sociales, les médias, la communication et le commerce circulent librement d’un bout à l’autre de la planète, instantanément et pratiquement sans aucun frais pour les utilisateurs. Pourtant, l’infrastructure actuelle de gestion des opérations monétaires date de plusieurs décennies, au grand désarroi des utilisateurs, et entraîne d’énormes frais pour l’économie mondiale.
Pour lutter contre ce phénomène, Circle crée des produits de consommation qui visent à faciliter les paiements personnels en ligne, à renforcer la sécurité et la confidentialité des transactions, et à simplifier les transferts d’argent numérique gratuits, instantanés et mondiaux. Nous sommes passionnés par notre projet et espérons vivement que vous essaierez nos produits très prochainement. »
A partir de là, Circle semble avoir la stature potentielle d’un géant : une ambition hégémonique, la capacité à réunir de gros moyens pour réussir et acquérir rapidement une taille critique, ainsi qu’une botte secrète : la Chine. Car la présence d’IDG Capital Partners au tour de table n’est certainement pas fortuite. Alors que l’économie chinoise vit une situation encore assez archaïque au plan des échanges digitaux et surtout internationaux pour les particuliers, commerces et PME, Circle pourrait occuper un espace immense, du fait qu’en Chine les transactions en bitcoin sont autorisées entre particuliers, tandis que les banques n’ont pas le droit de les organiser.
C’est que Circle reste, fondamentalement, un système d’échange en bitcoin. Les autres devises sont converties dans cette crypto-monnaie pour y circuler. Leur conversion immédiate neutralise les risques liés à la forte volatilité de la valeur du bitcoin cependant, qui ne devient ainsi qu’une sorte d’unité de compte (quoi qu’on puisse par ailleurs continuer à travailler purement en bitcoin via Circle). Dans le système Circle, le bitcoin est la référence fonctionnelle dans laquelle toutes les autres monnaies sont exprimées et cela ouvre une perspective vertigineuse. Si Circle s’imposait à l’échelle mondiale qu’il vise, le bitcoin deviendrait la monnaie mondiale de référence ! Nous n’en sommes pas là mais, en attendant, Circle est à suivre absolument.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor