Dans le monde entier près de 400 milliards de transactions financières sont effectuées chaque année. La plupart d’entre elles passent par des intermédiaires comme les banques au sens large, qui gèrent, vérifient, valident et finalement exécutent ces transactions. Les intermédiaires enregistrent les transactions dans leurs livres comptables, bien sûr fermés au public. Et voilà la grande différence révolutionnaire : de grands livres partagés, basés sur un principe technologique d’algorithmes et d’une distribution ouverte, communément appelé la « Blockchain ».
La « Blockchain » est basé sur des réseaux « peer-to-peer » (ou d’égal à égal) de plusieurs ensembles d’ordinateurs à maintenir en ligne une comptabilité collective et collaborative. Chaque participant est propriétaire d’une copie du même livre comptable, aussi appelé « grand livre distribué » (ou DLT pour Distributed Ledger Technology) dans lequel toute transaction est enregistrée.
Les participants examinent les transactions, procèdent à une autorisation basée sur un algorithme de vérification. L’ensemble de la transaction est alors cryptographié pour ensuite être enregistré dans un bloc de données. Ce nouveau bloc de données est ajouté à une chaîne de données déjà enregistrées – la « Blockchain ». La transaction est de ce fait enregistrée de façon permanente et irrévocable dans le grand livre distribué. Elle est exécutée sur le réseau, et ainsi les actifs traités changent de propriétaire.
La transformation du secteur financier est engagée. Cela fait sept ans que Bitcoin est apparu pour la première fois. Le monde tout entier a découvert une nouvelle façon de réaliser des transactions en ligne. Les observateurs avaient globalement un regard curieux et intéressé, et aussi suspect, en somme ils restaient en attente, pour certain avec des regrets aujourd’hui. D’autres, les « early adopters » s’orientent rapidement vers cette nouvelle technologie. La technologie de la « blockchain » est en train de prendre sa place dans le monde de la finance et bien au-delà dans les secteurs de l’assurance, de la gestion médicale, voire de la grande distribution. Il s’agit d’une technologie et avant tout d’un concept devenu réalisable, qui est si puissant qu’il est rapidement considéré comme la prochaine évolution majeure de l’Internet. Elle a le potentiel de transformer radicalement les entreprises, avec en premier abord les services financiers. La « Blockchain » ouvre une possibilité de revoir les principes de fonctionnement et de ce fait stimuler le secteur financier et plus globalement les services bancaires.
« Blockchain » donne un tout nouveau sens à l’Internet. A ce jour l’Internet représente avant tout une source inépuisable de données et d’informations, accompagnée de puissants moteurs de recherche et d’innombrables applications en ligne à des fins plus ou moins utiles, pouvant faciliter le quotidien. La « Blockchain » va bien plus loin et permet de faire du commerce basé sur pratiquement tout type de données, y compris des certificats de propriété,
de valeurs réelles et numériques, voire même des informations liées à l’identité de personnes. Cette technologie permet la gestion de données distribuées et partagées en temps réel.
La nouveauté de la « Blockchain » tient à la distribution de données validées et sécurisées. Elle dépasse les réseaux d’entreprises ou serveurs de particuliers pour s’ouvrir aux réseaux de « peer-to-peer » d’un très grand nombre d’ordinateurs, qui maintiennent et stockent en ligne une comptabilité collective et collaborative. Chaque participant ou « peer » est propriétaire d’une copie du même livre comptable, un livre distribué contenant toutes les transactions de l’activité par chaque participant au sein du réseau. Lorsqu’une transaction a lieu, un certain nombre d’ordinateurs
faisant partie du réseau enregistrent cela, comparent et confirment la comptabilité de l’autre en la mettant à jour le cas échéant. Toutes les informations clé de la transaction, telles que l’émetteur, le récepteur, la date, les caractéristiques de l’actif traité, la quantité, le prix sont enregistrées dans une chaîne continue, la « Blockchain ».
Elle donne un même accès à ces données, partagées avec des milliers (bientôt des millions) de consommateurs. Des algorithmes puissants sont utilisés pour chiffrer et contrôler l’ensemble du système ainsi que ses données. Ils sont en mesure d’identifier quasi instantanément toute différence pour la corriger et mettre à jour le jeu de données concerné.
La « Blockchain » est connue du grand public avant tout à travers la création de Bitcoin, l’inverse est d’ailleurs aussi vrai. La nouveauté innovante cependant n’est pas le Bitcoin lui-même, finalement une « simple » utilisation, mais la technologie elle-même la permettant. Elle est basée sur un réseau « peer-to-peer » et des algorithmes permettant les mises à jour et la sécurisation des données d’un grand livre comptable unique et distribué.
L’importance de la « Blockchain » pour le secteur de la banque, de la finance et des services en général est énorme. On compte aujourd’hui une cinquantaine de banques, assurances et acteurs financiers spécialisés dans le monde, qui mènent des travaux stratégiques pour évaluer comment cette technologie peut transformer leur façon de mener des affaires. De grandes banques parmi eux mènent ces travaux ensemble, en imaginant et réalisant de premiers prototypes d’applications. La « Blockchain » est en passe de devenir une technologie de choix pour le secteur financier.
Pour les établissements financiers elle ouvre de toutes nouvelles perspectives de sécuriser les transactions au niveau des risques financiers et opérationnels engagés ou subis. Elle permet de faciliter et même rendre inutile de nombreux rapprochements encore nécessaires aujourd’hui. L’identification et la solvabilité d’une contrepartie peuvent ainsi être connues instantanément.
Pour le consommateur elle permet un accès facile et simple aux services où qu’il soit dans le monde, laissant entrevoir un potentiel de développement économique particulièrement dans des régions reculées et dépourvue d’une offre de services pour l’instant.
La « Blockchain » est sécurisée, auto-correctrice et dotée d’un potentiel de forte réduction du coût à la transaction. Elle n’est pas gérée en un seul réseau et les données stockées à un seul endroit, mais en réseaux « peer-to-peer » avec des données stockées en plusieurs endroits, synchronisées en temps réel. Ainsi s’évite toute perte ou altération des informations. Avec l’augmentation du nombre de participants le réseau devient de lui-même plus résilient comme il grandit par l’ajout des infrastructures des nouveaux « peers ». Chaque participant ou « peer » détient une copie du grand livre partagé et ajoute la capacité et sécurité de son infrastructure au bénéfice de l’ensemble des autres participants. Les données elles-mêmes sont cryptées, permettant de gérer leur sécurité en limitant l’accès aux seuls détenteurs de la clé de décryptage. Les règles de cryptage et d’accès aux données sont mises en place lors de la création de chaque nouvelle « blockchain ». Par ailleurs, il est possible qu’un sous-ensemble du système soit public ou privé, ouvert ou fermé. Autrement dit, un moyen supplémentaire, en plus du cryptage, de rendre disponible ou pas les données stockées de cette partie du réseau. Le réseau avec son infrastructure et ses algorithmes constitue un ensemble auto-contrôlé et auto-correcteur, jusqu’à identifier et corriger des anomalies lors de synchronisations ou l’existence de copies du grand livre hors synchronisation, voire copies pirates, potentiellement signes d’une attaque malveillante. En théorie, cela rend impossible, pour le moins difficile, de pirater une « blockchain ». Prenant l’exemple de la « blockchain » du Bitcoin ; elle est tellement grande, qu’il faudrait pour la briser un nombre très important de pirates, avec un budget conséquent et bien coordonnés entre eux.
Pour l’instant la « Blockchain » et ses applications ne sont pas (encore) soumises à une réglementation quelle qu’elle soit. Cette technologie elle-même cependant pourrait devenir un outil incontournable d’aide à la réglementation et au contrôle de son application. Une « blockchain » peut être fermée ou privée, protégée par un cryptage. Lors d’un audit cependant, il serait imaginable de fournir la clé de décryptage à l’auditeur, lui permettant ainsi un accès libre à l’exploitation des données et à l’examen des transactions. Comme ces informations sont irrévocablement enregistrées dans le grand livre distribué, il lui devient très facile d’exploiter l’ensemble de la piste d’audit et ainsi de retracer l’ensemble de l’historique. L’utilisation de la « Blockchain » garantie ainsi non seulement la sécurité et fiabilité des informations, mais également une grande transparence des transactions. Il faut s’attendre sous peu de temps à un intérêt fort des régulateurs pour à terme rendre l’utilisation de la « Blockchain » obligatoire pour certaines transactions soumises à l’une ou l’autre des réglementations. Tout cela dans le but de la transparence et des contrôles. Les discussions récentes à ce sujet autour du Bitcoin sont un signe révélateur.
Un certain nombre de points d’attention sont à observer lors de la mise œuvre de la « Blockchain » pour tirer pleinement profit de ses bénéfices. Tout d’abord il s’agit de gérer et de bien communiquer au sein de l’entreprise, afin de gagner l’adhésion des équipes et défavoriser la résistance au changement. Ensuite chaque acteur économique est amené à définir sa stratégie et évaluer les zones les plus bénéficiaires à l’utilisation de la technologie « Blockchain ». Finalement il s’agit d’entrer dans un monde de données distribuées, c’est-à-dire partagées, nécessitant d’adopter un fonctionnement de partage, d’échange et de transparence avec ses partenaires, clients et concurrents, sinon le bénéfice en sécurité financière et réduction des risques et des coûts ne serait pas optimal.
C’est seulement après avoir traités ces trois points d’attention clés, que l’acteur économique pourra vraiment s’occuper des considérations techniques, opérationnelles et organisationnelles.
Un partenaire extérieur apportant de l’expérience et une vision neutre par rapport à l’entreprise s’avère certainement bénéfique à cette occasion.
Michael Lemke / Score Advisor