Ce sera sans doute l’une des grandes novations de la période que nous traversons : la montée en puissance du télétravail et les bouleversements qu’elle va susciter en termes d’organisation (moins de micro-management, de présentéisme improductif, …). Car nous ne reviendrons pas strictement à la situation antérieure. Et dans ce cadre, le CEO de Barclays vient d’ouvrir une piste intéressante : et si l’on utilisait les agences bancaires pour accompagner ce changement ?
Selon un sondage réalisé courant avril, publié par Malakoff Humanis, près de quatre Français sur dix (39 %) télétravaillent depuis le début du confinement, dont 62 % sur la totalité de leur temps d’activité. Et pour un télétravailleur sur deux, c’est là une toute nouvelle expérience. Une expérience assez plaisante puisque 73 % des salariés en ligne souhaitent avoir la possibilité de continuer à la sortie du confinement. Ils jugent que le télétravail leur a fait gagner en autonomie et leur a permis de mieux conjuguer vie professionnelle et vie privée.
Certes, 43 % disent ne pas disposer d’un espace de travail adapté chez eux et 30 % estiment que leur santé psychologique s’est dégradée. Toutefois, les principales difficultés ont traits aux conditions du confinement lui-même (présence des enfants et du conjoint). Des tensions familiales sont apparues dans 28 % des foyers.
Ces difficultés pourraient être levées en large partie avec le retour à la normale. Mais il reste que le lien social n’est pas pleinement satisfaisant. Au cours de la période, 75 % des salariés en ligne ont eu au minimum un contact par jour avec leur hiérarchie mais d’une qualité qui n’est pas jugée pleinement satisfaisante (28 % des contacts se font par mail, 24 % par SMS et seulement 20 % par téléphone et 16 % par visioconférence).
Certains établissements, comme Bank of America, qui ont expérimenté depuis des années la formule du télétravail à 100 % pour des métiers de la banque d’investissement ou les centres d’appel, ont noté une moindre productivité des personnels, ainsi qu’une moindre créativité collective.
On pourrait donc imaginer – au moins à titre intermédiaire – des formules hybrides. Un télétravail partiel, quelques jours par semaine (ce qui existe déjà) ou bien un télétravail accompagné de relais de proximité – des lieux où les employés puissent continuer à travailler s’ils le souhaitent, à se voir et à se réunir. Des lieux proches de chez eux qui, pour le CEO de Barclays, pourraient être les agences bancaires.
Avec le confinement, 70 000 salariés de Barclays dans le monde ont travaillé chez eux. Et les réunir à nouveaux tous dans d’énormes sièges n’est pas une solution d’avenir, estime Jes Staley.
Tandis que répartir davantage les emplois sur tout le territoire pourrait satisfaire beaucoup d’employés, en leur évitant de longs trajets, en leur permettant de vivre davantage au vert (ce qui est en train de devenir un souhait très général), tout en gagnant en autonomie.
Par ailleurs, alors que la crise a sans doute définitivement réduit le rôle des agences et donc, en large partie, leur utilité, une telle issue parait assez opportune dès lors que, comme nous l’avons souligné dans un précédent billet, il semble important pour les banques de conserver des relais de proximité, sans qu’on ne sache encore très bien sous quelle forme.
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