L’Observatoire des métiers de la banque vient de publier une très intéressante étude sur les parcours professionnels au sein du secteur bancaire. Elle permet de mesurer les mobilités internes « lointaines » ou « atypiques », celles qui conduisent à changer de métier au sein d’un même établissement. Elles augmentent depuis quelques années. S’agit-il d’une tendance de fond dans les banques ? D’un point de vue stratégique, cela aurait certainement du sens.
Pour faire face à leurs besoins de recrutement, les banques créent de nouvelles passerelles et offrent à leurs collaborateurs des perspectives de carrière plus diversifiées. Grâce à des formations spécifiques, un analyste risques peut désormais, par exemple, devenir data scientist. De même, un responsable marketing ou communication peut envisager d’évoluer vers un poste de responsable informatique ou de responsable organisation.
En 2021, une mobilité sur cinq pouvait ainsi être qualifiée de « lointaine » (le métier d’origine et le métier cible ne font pas partie de la même famille de métiers-repères). Elles ont concerné les fonctions support pour 32%, pour 26% des métiers du traitement des opérations et pour 16% les forces de vente. Le métier de Responsable informatique/ organisation/ qualité est celui qui accueille le plus de collaborateurs issus de familles métiers différentes.
Pour favoriser ces mobilités internes « lointaines », les établissements bancaires doivent mettre en œuvre des politiques de gestion des compétences plus fines qu’aujourd’hui. De plus, ces mobilités lointaines ne sont pas simples à mettre en place.
Toutefois, outre qu’elles sont bien accueillies par les personnels, elles limitent les coûts de recrutement et elles devraient s’amplifier dans les années à venir.
En fait, on peut même considérer que cette diversification des parcours ne peut qu’être un avantage face à un monde de la fintech de plus en plus endogame.
C’est ce qui ressort en effet d’une autre récente étude d’Accel et Dealroom analysant la création de fintechs à partir des licornes existantes en Europe et en Israël et montrant combien celles-ci nourrissent désormais le principal vivier de créateurs et de cadres des nouvelles générations de fintechs.
Ainsi, sur 300 licornes, 203 ont produit plus de 1 000 nouvelles startups technologiques dont les créateurs étaient d’anciens employés. N26 est la matrice qui a produit le plus de startups (26) du fait de ses anciens employés, suivie de Klarna (23), Revolut (23), Wise (19) et Monzo (16). Toutes ces créations n’aboutissent pas à former des fintechs – ce n’est le cas, par exemple, que de 15 des 23 startups issues de Klarna. Il n’en va pas moins que tout cela aboutit à une homogénéisation croissante des profils et des parcours, sans parler des spécialisations. Face à quoi, en jouant de mobilités lointaines, les banques pourront finalement compter sur des compétences plus larges et diversifiées.