Il est très difficile de savoir qui a porté la vague haussière des crypto-devises et du bitcoin en particulier fin 2017/début 2018. On manque notamment tout à fait d’éléments concernant les acheteurs asiatiques, qui semblent avoir été nombreux. Néanmoins, pour les Etats-Unis et la France, deux études récentes, publiées par la Federal Reserve Bank of New York et la Banque de France, livrent quelques éléments saillants et concordants.
5% des sondés aux Etats-Unis et 4% en France déclarent posséder ou avoir possédé des crypto-devises. Aux Etats-Unis, 15% disent avoir envisagé de le faire. Or, dans les deux pays, cela ne concerne pratiquement que les plus jeunes. Ainsi, en France :
Des jeunes relativement aisés – une autre étude avait pu indiquer fin 2017 que 20% des étudiants américains bénéficiant d’un prêt pour leurs études l’ont utilisé pour acheter des crypto-devises. Dans l’histoire de la spéculation financière, c’est sans doute la première fois qu’une telle limite d’âge aura joué.
Or cette barrière de l’âge a recouvert d’autres déterminants. Sans doute bien plus de jeunes auraient-ils souhaité acquérir des bitcoins mais, comme beaucoup de jeunes, ils manquaient d’argent. Tandis que la difficulté à comprendre comment il faut faire pour acquérir des crypto-devises a visiblement beaucoup retenu les plus âgés. En somme, la hausse des crypto-devises a été contenue par leur complexité. Ce phénomène, également, est assez nouveau.
Surtout, des divergences générationnelles très fortes apparaissent en termes de confiance. Pour 41% de ceux qui en ont acheté, les crypto-devises représentent un placement comparable à l’or. Mais seulement 8% de ceux qui n’en ont pas achetées estiment qu’on peut les comparer à l’or – placement refuge par excellence, qui a visiblement perdu cette réputation chez un certain nombre des plus jeunes.
Pour l’essentiel, ceux qui n’en ont pas acheté n’avait pas confiance dans les nouveaux crypto-actifs. Pour l’essentiel, ceux qui en ont acheté n’ont pas confiance dans le système financier dans son ensemble et dans les monnaies traditionnelles. Deux visions du monde peu réconciliables s’affrontent ainsi et la césure est à 35 ans.
La Fed invoque, pour l’expliquer, le fait d’avoir ou non vécu la crise de 2008 (et les précédentes pour les plus âgés). Quoi qu’il en soit, la différence radicale de vision chez les plus jeunes est à souligner.
Mais un autre élément psychologique a visiblement joué lui-aussi : la confiance en soi, poussant à croire que le hasard peut et va nous être favorable. C’est ce que soulignent les réponses – et leurs différences selon les classes d’âges, qui recoupent largement les appréciations des crypto-devises – à l’avant dernière question dans le tableau ci-dessous : « J’achète parfois un billet de loterie quand j’ai l’impression de ne pas avoir assez d’argent ».
Nous ne savons pas si cette confiance en son propre sort est le fait des jeunes générations actuelles ou si elle caractérise traditionnellement les plus jeunes et s’atténue naturellement avec l’âge.
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