Le développement de l’industrie des services aux professionnels en Pologne ne démarre qu’au début du 21e siècle et ce secteur est déjà reconnu par les experts comme un marché mature et destiné aux projets mondiaux, avec d’excellentes perspectives de croissance continue dans les années à venir. Le développement rapide du secteur est une bonne surprise pour la Pologne, il est déjà à parts égales avec l’industrie automobile polonaise en ce qui concerne la création d’emplois et il est en train de devenir l’une des principales branches de l’économie du pays. Description d’un exemple à suivre et à répliquer aussi en France.
Même si le secteur des services aux entreprises est l’un des plus récents sur le marché polonais, les spécialistes de cette industrie ont réussi à prouver sa valeur à une échelle mondiale. La qualité de sa capacité de production et des ses performances attire de nouveaux investisseurs. Actuellement la Pologne arrive en troisième position sur la liste des pays dans le monde créant des emplois dans les centres de services aux entreprises. Par ailleurs, la nomination en 2014 de Donald Tusk (ancien premier ministre polonais) à la présidence du Conseil Européen reflète le poids grandissant de la Pologne au sein de l’Union Européenne.
À l’heure actuelle, les services partagés et centres d’externalisation en Pologne emploient des profils expérimentés, principalement dans la comptabilité, l’informatique et les services aux clients (B2C). La demande pour ces profils est en accroissement constant et s’élargit à de nouveaux métiers, comme les ressources humaines (recrutement, formation, etc.), la logistique ou encore les achats. Le nombre de sociétés transférant en Pologne des fonctions avancées telles que le contrôle de gestion ou l’analyse financière est en constante augmentation. Une vraie « révolution » vient du secteur financier, dont le nombre de positions occupées par les comptables de fonds d’investissement, dans la lutte contre le blanchiment d’argent ou encore dans les contrôles des nouveaux clients (Know Your Customer- KYC) se développe fortement.
L’industrie des services compte pour un nombre significatif dans la création de nouveaux emplois en Pologne. Actuellement on peut estimer que ce secteur emploie plus de 150.000 personnes dans presque 700 entreprises, avec en perspective une augmentation considérable. Les centres de services partagés représentent la moitié des emplois, suivis par les centres informatiques et de recherche.
Les centres de services sont répartis sur l’ensemble de la Pologne avec une concentration plus forte à Varsovie, Cracovie, Gdansk, Lodz et Poznan entre autres, représentant plus de trois quarts des emplois.
Le nombre d’entreprises étrangères transférant leurs processus en Pologne est en augmentation, elles sont attirées par des autorités locales, qui offrent diverses incitations afin de faciliter l’implantation dans leurs régions. La part des entreprises européennes est importante, elles sont principalement d’origine britannique, allemande, scandinave et française mais restent en nombre loin derrière les entreprises américaines.
Les entreprises étrangères, investissant en Pologne, ont des préférences similaires en termes de choix des localisations. Elles préfèrent les villes avec de bonnes liaisons de transport, un parc immobilier de bureaux modernes et concentrant un grand vivier de candidats diplômés et multilingues.
L’importance des aspects multilingues de l’externalisation est un avantage pour la Pologne, le domaine d’études linguistiques a gagné fortement en popularité parmi les étudiants polonais, porté l’évolution rapide de la demande du marché. De plus en plus les langues sont utilisées dans le secteur de nos jours, suivant l’augmentation du nombre de processus externalisés en Pologne. Ceci n’est qu’un début, de nouveaux investisseurs étrangers viennent chaque année en Pologne. Globalement on estime que les entreprises du secteur des services aux professionnels ont la capacité de travailler en au moins une trentaine de langues, les plus populaires étant l’anglais, l’allemand, suivi par le français, l’italien et l’espagnol.
La Pologne regarde avec optimisme l’avenir de son secteur des centres de services. La question qui se pose porte sur la continuité du rythme de croissance, qui était d’environ 20% les années passées, à la fois en termes de chiffre d’affaire et d’effectif. La croissance annuelle de plusieurs milliers de nouveaux emplois dans le secteur semble réaliste. Ce secteur est doté d’un très haut niveau de confiance des investisseurs, cherchant à éliminer les barrières qui pourraient contraindre son développement, tels que la disponibilité des employés possédant des compétences spécifiques (en particulier des compétences linguistiques et techniques), les réglementations juridiques spécifiques ou les questions fiscales. Les initiatives visant à l’amélioration continue du climat des affaires, en particulier au profit des centres de services, sont également remarquables. Elles sont volontairement faites par les organes publics, des institutions de soutien aux entreprises et les autorités locales en particulier.
Compte tenu des intérêts des investisseurs potentiels pour choisir la Pologne pour un emplacement de centre de services, on peut s’attendre à un flux continu des investissements dans ce secteur. Avec des processus plus complexes à délocaliser et à la recherche de services à plus forte valeur ajoutée, les entreprise semblent de plus en plus enclines à localiser ces activités en Pologne plutôt qu’ailleurs. Les deux facteurs distinctifs en faveur de la Pologne sont le niveau de qualification des futurs employés (avec leur créativité, flexibilité et le désir d’acquérir de nouvelles connaissances) et les incitations publiques à l’investissement. Une gamme d’initiatives d’investissement incitatives, ainsi que l’attribution d’aides financières, en partie cofinancées par les fonds structurels de l’Union Européenne, sont consacrées à la mise en œuvre et la commercialisation des résultats dans le domaine de la recherche notamment.
La Pologne semble prête à relever les défis à venir et même espérer devenir l’un, si ce n’est le leader du secteur des services délocalisés. Le niveau d’éduction et les volontés publiques plaident en ce sens, dans ma mesure où les demandes concernent les domaines d’excellence et à valeur ajoutée, comme l’automatisation des processus, la transformation digitale, l’agilité opérationnelle, la gestion de la connaissance (knowledge management) ou encore le cloud computing.
Michael Lemke / Score Advisor