Ceux qui s’intéressent à l’innovation bancaire ont entendu parler de The Bancorp, la banque sur laquelle s’appuyait notamment Simple en termes de produits et de services bancaires jusqu’à son récent rachat par BBVA. Mais, sur The Bancorp, on trouve très peu d’analyses. En français, il faut passer la 10° page de Google pour une brève mention sur le site C’est pas mon idée ! Même les analystes anglo-saxons des évolutions bancaires, comme Chris Skinner ou Jim Marrous, n’en parlent pratiquement pas. Et pourtant…
Pourtant, The Bancorp n’est pas une banque comme les autres et Simple n’est pas la seule startup derrière laquelle il apparaît : OboPay, WePay, RushCard, MySmartSaver, … En tout, The Bancorp compte plus de 120 partenaires auxquels il permet de développer des offres bancaires en marque blanche ou façon « The Bancorp inside » : startups innovantes, acteurs de la santé, assureurs, etc. The Bancorp leur fournit, entre autres, comptes d’épargne, virements, cartes bancaires et cartes prépayées – pour lesquelles il revendique la position de premier acteur sur le marché américain. Par ailleurs, The Bancorp, développe une activité de banque classique autour de Philadelphie.
Basée à Wilmington, Delaware, The Bancorp est une petite banque (1,9 milliards $ de prêts, 4,2 milliards $ de dépôts fin 2013), dont les résultats se sont par ailleurs dégradés début 2014. Un établissement comptant moins de 1 000 employés qui, pour se développer, propose ses services à des acteurs disposant d’une base de clientèle réelle ou potentielle conséquente, que The Bancorp recrute ainsi au moindre coût. C’est donc apparemment une banque de gros qui, par rapport à ses cibles, trouve des concurrents pour la plupart moins développés que lui, comme CBW Bank (qui travaillait également pour Simple) ou Métabank (NetSpend, Account now).
On trouvera sans doute que l’approche de The Bancorp offre une diversification intéressante pour les banque classiques et la meilleure façon, finalement, pour ces banques de profiter des innovations et du dynamisme des jeunes pousses. En France, le Crédit mutuel Arkéa, qui offre plusieurs points de comparaison (clientèle propre régionale, services financiers développés en marque blanche), pourrait évoluer vers ce genre de positionnement. On pourrait même imaginer que, parmi les « grandes » banques, la Banque postale ou d’autres soient également tentés.
Seulement, s’il dispose d’une licence bancaire et d’une garantie FDIC, The Bancorp n’est pas une banque classique. D’ailleurs, il n’a pas d’agences. The Bancorp Bank a été créée en 2000 par The Bancorp Inc., un holding financier coté sur le Nasdaq. C’est donc pratiquement une startup, qui développe des moyens propres mais utilise surtout beaucoup ceux d’autres providers pour ses centres d’appel ou son datawarehouse ainsi, sa comptabilité et son audit interne, etc. – toutes ces fonctions sont outsourcées. The Bancorp est un assembleur de services financiers disposant d’une licence bancaire qui, en plus de développer une offre particulière, accompagne celles d’autres acteurs, dont il capte une partie des revenus et finalement les clients au moindre coût. Dès lors, qu’est Simple face à The Bancorp ? Un simple concept marketing et au mieux – mais la plupart des startups ne vont pas vraiment jusque là – un front office. De sorte que The Bancorp parait développer une formule bien plus innovante, au moins pour sa partie Affinity Banking : une banque sans usines de traitement et sans dispositif commercial de distribution non plus, pas d’offres propres mais une multitude de solutions nouvelles, l’ébauche d’un véritable supermarché bancaire.
Cette stratégie de passager clandestin peut paraitre opportuniste mais il faut également reconnaitre que, par rapport à beaucoup de startups qui ne proposent qu’une idée, d’envergure souvent très limitée, The Bancorp est, quoique peu paraissent s’en être encore rendu compte, un nouvel entrant sur le marché financier qui compte parmi les plus originaux et surtout les plus ambitieux.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor