Outils de développement pour accompagner au plus près la clientèle sur les lieux de consommation, ayant de plus la vertu de soulager les guichets des agences, les automates bancaires n’ont cessé de se multiplier. Au cours de la décennie 2000, en France, les automates se sont développés plus vite que les cartes bancaires.
Fin 2012, le parc d’automates atteignait son pic avec 58 586 unités. Il avait doublé en 10 ans. Depuis, le nombre d’automates est en recul. C’est que les volumes de transactions stagnent : à 24,5, le nombre moyen de retraits annuel par porteur de carte bancaire a encore baissé de 1,1% en 2014. Or, le développement du paiement sans contact et par mobile ne permet plus de croire à un accroissement des retraits puisqu’il favorise une moindre utilisation du cash.
Pour y faire face, on développe de nouvelles fonctionnalités sur les automates. Mais, outre qu’elles peinent à convaincre le public, tandis qu’elles augmentent significativement les coûts de fonctionnement, cette tendance n’est-elle pas contradictoire avec le développement, activement poussé par les banques, de la banque sur mobile ? La question peut difficilement être évitée. Elle est cruciale.
Depuis que, fin 2010, il est devenu possible de connecter pleinement l’ensemble du parc de GAB à l’informatique des banques et notamment aux outils de CRM, les automates sont devenus un canal client comme les autres, capables d’assurer une reconnaissance individuelle des clients et donc de servir d’instruments de fidélisation. Cette orientation s’est imposée car, alors que la commission interbancaire de retrait a baissé en 2011, les automates bancaires français demeuraient trop uniquement cantonnés aux retraits et à la consultation des comptes. Or, contrairement à ce que l’on croit souvent, beaucoup d’automates ne sont pas rentables.
Par comparaison avec d’autres pays, d’autres pistes apparaissent encore à cet égard, comme l’externalisation de leur exploitation ou l’accueil de partenaires non bancaires sur des automates devenus des bornes urbaines de communication et de proximité. Mais c’est la forme et la fonction même des automates qui sont aujourd’hui mises en question.
On installe des automates avec vidéo, capable de remplir les fonctions de véritables mini-agences. Cependant, à quoi servent un écran et un clavier si chacun utilise couramment son mobile pour accéder à des services bancaires ? L’avenir ne serait-il pas plutôt à de simples distributeurs de billets ? Aux USA, Citi teste ainsi le nouveau modèle Irving de Diebold, qui est un simple distributeur de billets utilisable par mobile.
En Turquie, IsBank a développé une solution comparable, que Wincor Nixdorf teste également avec trois banques françaises.
Au total, bien qu’on en parle comparativement beaucoup moins, les automates sont aujourd’hui soumis à des évolutions aussi radicales et finalement assez similaires à celles qui frappent les agences bancaires. Et leur mutation pourrait être bien plus rapide !
Guillaume ALMERAS/Score Advisor
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