L’affaire paraissait pourtant entendue : face au faible dynamisme des banques dans les pays en développement, l’accès aux services financiers allait être assuré par les solutions de paiement par mobile portées par des fintechs ou des opérateurs téléphoniques (c’est le fameux modèle M’Pesa). Or cela n’a pas été le cas, selon une économiste de la Banque mondiale, Léora Klapper.
Depuis 2011, la part des adultes disposant d’un compte financier dans les pays en développement a atteint 71%, soit une augmentation de 50%. Les politiques d’accès aux services financiers largement menées en Inde et en Chine en ont été principalement responsables jusqu’en 2017. Mais depuis, le phénomène a gagné tous les pays.
Cependant, on imagine que cela a essentiellement tenu aux mobiles, en dehors des banques, qu’on imaginait facilement être remplacées par de nouveaux acteurs sur le marché des particuliers et des petites entreprises.
Pourtant, la première source d’inclusion financière des populations a bien été les banques, explique Léora Klapper. Et cela à travers le versement des traitements et salaires sur des comptes bancaires avant tout.
En Afrique, où seulement 39% des populations sont bancarisées en moyenne, seuls un quart de ceux qui dispose d’un compte sur mobile n’ont pas également un compte en banque. Au Brésil, en Malaisie, en Russie ou en Thaïlande, cette proportion ne dépasse pas 5%.
On comptait sur les transferts d’argent reçus de l’étranger pour promouvoir les solutions financières sur mobile. Ils sont reçus à 42% en moyenne directement sur des comptes bancaires.
C’est que les comptes et moyens de paiement bancaires présentent davantage de sécurité, ils sont plus universellement acceptés, les dépôts permettent de se constituer un historique qui comptera pour obtenir un crédit.
Bref, encore un fantasme de remplacement des banques qui saute et qui n’était vivace que d’oublier toute l’infrastructure monétaire que celles-ci représentent !