La Nef a lancé une levée de fonds pour gagner en taille. Elle vise ainsi à augmenter son capital de 30 millions €. C’est l’occasion de visiter son site, pour voir où en est aujourd’hui la première banque éthique française, une coopérative bancaire citoyenne lancée il y a déjà plus de 30 ans. Et là, surprise !
La Nef se présente sous ces termes :
« Nous répondons à tous les projets, quels que soient leur taille ou leur stade de développement. Une large part de notre activité est d’ailleurs orientée vers les projets en émergence.
- A rebours des banques françaises, nous avons soutenu le commerce équitable ou l’insertion par l’activité économique dès le début des années 90.
- Nous avons été les premiers à croire dans la filière bio dès les années 80 et dans les énergies renouvelables au début des années 2000.
- Plus récemment, nous avons compris que le commerce en vrac, les projets de méthanisation, la mobilité douce et les ressourceries constituaient une réelle avancée pour une économie durable. »
Ce qui frappe est en l’occurrence l’emploi du passé car tout ceci, de fait, est devenu assez banal !
La Nef propose des prêts à des conditions favorables pour la rénovation énergétique ou l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion propre ou à faible consommation et émission de CO2. La plupart des banques le proposent également.
La Nef s’engage à ce que l’épargne qui lui est confiée finance des projets durables, orientés « vers la transition énergétique et sociale » (qu’est-ce au juste que la « transition sociale » ?). Même BlackRock tient désormais des discours de plus en plus comparables !
Pour le reste, rien pour ce qui concerne les nouvelles approches du scoring, l’accompagnement des pros et indépendants, le soutien aux personnes vulnérables, … Et quant aux tarifs, La Nef ne se distingue pas vraiment des banques :
Le problème tient au fait que les discours à dimension de responsabilité sociale et environnementale sont devenus très mainstream. Que reste-t-il à La Nef dès lors ? La crédibilité sans doute, quand beaucoup de beaux discours tenus par les grands établissements peuvent encore être reçus avec suspicion, avec les soupçons de « greenwashing ». Mais c’est surtout sa clientèle, les acteurs financiers qu’elle finance qui, aussi divers soient-ils, semblent former une communauté bien particulière, avec un ancrage local fort.
La Nef a tout d’une banque affinitaire ainsi mais elle ne propose pas les produits propres à ce genre d’identité – à part Zeste, sa plateforme de dons et de préventes. Il est effectivement temps que La Nef fasse son Big Banque !