Un intéressant article du site Redcode le signale : le boom des applis mobile, lancé en 2008 avec l’App Store, est retombé aux USA. Alors qu’une avalanche d’apps continuent à paraître chaque semaine, ils trouvent de moins en moins d’utilisateurs. Le nombre moyen de téléchargements d’applis des Américains est désormais de 0 par mois. Pour l’innovation financière qui, ces dernières années, s’est largement concentrée sur le mobile banking, une telle nouvelle n’est certainement pas neutre.
Mêmes les applis les plus utilisées voient leur téléchargement ralentir aux USA, leur croissance n’étant plus portée que par l’extension du parc de smartphones.
Sur le marché international, la tendance est la même :
Le marché semble ainsi être à saturation ou y entrer. Les possesseurs de smartphones s’estiment suffisamment équipés et ne demandent pas d’apps supplémentaires, sauf exceptions (Snapchat, Uber).
Tout cela impose de revoir un certain nombre de choses en matière d’innovation financière, tant vis-à-vis des développements de la banque digitale que de ceux des fintech.
D’abord, dès lors que les utilisateurs ne vont pas beaucoup plus s’équiper, les éditeurs des applis qui ont d’ores et déjà leurs faveurs – Facebook, par exemple – vont bénéficier d’une rente de situation par rapport aux nouveaux entrants, qu’il s’agisse des banques ou des fintech, notamment pour ce qui concerne les solutions nouvelles de paiement ou de consultation des comptes.
Ensuite, il va falloir complètement revoir les schémas pariant sur une disruption radicale et rapide des usages financiers et voyant la banque toute digitale devenir dominante ou des fintechs se substituer aux banques. Sauf, bien entendu, à voir apparaitre des solutions originales qui, pour le présent, ne sont pas encore apparues. Car la révolution a déjà eu lieu ! Et elle n’a pas radicalement modifié le paysage bancaire.
En France, 41% des possesseurs de smartphones se connectent à leur compte mais près de la moitié sans passer par l’appli de leur banque, même s’ils l’ont téléchargée, car 27% seulement de ceux qui l’ont téléchargée l’utilisent effectivement.
Il semble qu’aux USA 65% des clients des banques téléchargent leurs applis. Il demeure rare qu’ils soient plus d’un tiers en France et des taux inférieurs à 10% se rencontrent encore assez souvent. Il est vrai que 44% de ceux qui essaient ne vont pas au bout du premier téléchargement et, parmi ceux qui disposent d’une appli bancaire, 72% font état de problèmes ou plantages, 52% estiment qu’elle apporte peu de choses et 48% ne sont pas confiants au plan de la sécurité.
Enfin, alors que le mobile sert essentiellement à consulter ses comptes et s’y limite souvent, les outils de PFM n’ont pas séduit 10% des clients.
Au total, le mobile banking rallie, au sens large, c’est-à-dire de manière plus ou moins forte, un quart de la clientèle, avec une surreprésentation des jeunes et des cadres. Un échec ? Pas du tout ! Cela ressemble simplement au développement qu’ont connu les cartes bancaires et les automates. Il y a donc fort à parier que ces nouveaux usages vont s’étendre mais plus lentement qu’attendu et donc sans disqualifier ni rapidement, ni totalement les anciens usages. A ceux-ci, ils vont d’abord et surtout se surajouter, représentant ainsi pour les établissements moins l’opportunité d’une optimisation rapide de leurs coûts qu’une charge supplémentaire à porter. Plutôt que disruptifs, les banques connaissent plus couramment des changements évolutifs, qui demandent un certain temps.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor
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