Groupama ne souhaitant plus continuer à financer le développement, décevant, de leur commune filiale bancaire, Orange cherche un nouveau partenaire. Ce sera sans doute une grande banque. BNP Paribas étant donnée pour la mieux placée. Ce qui représenterait une issue plutôt paradoxale pour Orange Bank qui affichait fièrement, lors de son lancement en 2017, ne pas venir du monde bancaire et qui promettait d’y introduire une franche rupture ! Pourtant, rapidement, Orange Bank n’a plus du tout fait peur aux banques.
Pourquoi peut-on ainsi parler de « désastre » ? Que s’est-il donc passé ? La réponse est aussi simple qu’étonnante : rien !
Orange Bank est apparue en même temps qu’un certain nombre d’autres tout à fait comparables, sans rien proposer qu’on ne puisse trouver facilement ailleurs. Au départ, les banques ont pu craindre la concurrence d’un opérateur téléphonique comptant des dizaines de millions de clients dans plusieurs pays. Mais les synergies, en termes d’offres, de tarification, de conquête, entre Orange et Orange Bank sont restées très limitées. Sans originalité, Orange Bank a visiblement repris nombre de formules toutes faites : la banque 100% mobile, les clients ayant la totale maitrise de leur vie financière, blablabla. Sans avoir suffisamment de recul, visiblement, pour se rendre compte qu’une formule comme celle-ci, si elle peut séduire quelques clients, fait fuir tous les autres :
Mais il y a plus et c’est le mystère Orange Bank. Il suffit de se rendre sur son site. Tout y parait expédié. Formules sommaires et passe-partout. Visuels dignes des promotions hebdomadaires d’une supérette. Pas de cibles clientèle claires. Une impression non de low cost mais de bas de gamme (alors que ce sont les offres premium qui semblent avoir finalement le mieux marché…). Or c’est incompréhensible ! Parce qu’on parle quand même d’Orange. Parce que les moyens alloués n’ont pas été minces. Cela aurait pu se comprendre pour un simple essai, rapidement abandonné en cas de ratage, comme C-Zam de Carrefour Banque. Mais non.
Finalement, la seule explication est peut-être à rechercher du côté des professions de foi telles qu’elles apparaissent sur le site, qui expliquent sur un ton très vindicatif qu’il n’est pas question de faire comme les banques et que l’on se fait fort de proposer tout à fait autre chose.
Un discours complètement décalé par rapport à ce qui est effectivement proposé :
Mais un discours qui pouvait justifier qu’on ne s’interroge pas trop sur les évolutions bancaires. Il suffisait de proposer autre chose, de plus simple, de plus limité. Les banques étant condamnées et le public n’attendant que de s’en défaire. De toute façon, avec la base de clientèle dont dispose Orange et la facilité avec laquelle des offres financières digitales peuvent être proposées, on ne risquait pas grand-chose. L’occasion était à saisir.
Il est possible que l’on ait vu les choses ainsi car beaucoup de gens ont cru à de telles choses et y croient encore. La majorité du public ne veut pas du tout-digital ou n’y est en tous cas pas prêt – d’ailleurs pour Orange Bank, les ouvertures de comptes se font davantage dans les boutiques Orange qu’en ligne (il en va de même pour Ma French Bank dans les bureaux de poste) – mais l’idée de la banque 100% mobile fait toujours recette. Et c’est ainsi qu’une approche de rupture en vient à proposer la même chose que les banques, en moins bien !
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