Six mois après le lancement d’une nouvelle carte bancaire par Apple et Goldman Sachs aux Etats-Unis, aucune des deux firmes n’a encore communiqué de chiffres. Mais le cabinet Cornerstone Advisors a mené sa propre enquête et en a présenté les résultats dans un récent article de Forbes. Il en ressort que l’Apple Card est un succès inattendu sans être le succès attendu.
Il y aurait actuellement 3,1 millions de porteurs de la carte aux Etats-Unis, ce qui n’a rien de bouleversant à cette échelle. Et ces porteurs ont très souvent 3 cartes : un tiers d’entre eux ont une Amex et 30% une carte de Bank of America, la plus représentée des grandes banques américaines parmi les porteurs de l’Apple Card.
En revanche, 60% des porteurs ont choisi d’en faire leur carte principale, ce qui parait excellent pour un lancement aussi récent. Et ce qui est un très bon score en soi : c’est un pourcentage comparable à celui qu’enregistrent Bank of America et JP Morgan avec leurs propres clients et c’est un peu plus que pour Wells Fargo et Capital One.
Mieux encore, la moitié des porteurs n’ont qu’une carte, celle d’Apple, ce qui est tout à fait remarquable. Les clients de Bank of America et Capital One qui n’ont que la carte de l’un de ces deux établissements ne sont que 30% et ceux de JP Morgan 25%. A l’évidence, l’effet marque d’Apple a joué et un tel score semblerait difficilement reproductible, en un temps si court, pour un nouvel acteur inconnu.
Ainsi, avec un bon programme de cashbacks, auprès de partenaires choisis (Uber, T-Mobile, …), les perspectives semblent assez bonnes pour l’Apple Card.
Cependant, 70% des porteurs sont des Millenials, dont 35% ont entre 20 et 30 ans et 35% entre 30 et 40 ans. Et tous les porteurs sont en moyenne aisés. Un tiers gagnent moins de 50 000 $ par an (contre 55% à l’échelle de la population américaine) et un tiers gagne plus de 100 000 $ par an (!) Enfin, 56% des porteurs sont diplômés de l’enseignement supérieur (contre 30% pour l’ensemble de la population américaine). Ainsi, alors que l’on pouvait attendre une certaine originalité dans la conquête de ses clients de la part d’une marque aussi affinitaire qu’Apple, cette dernière séduit principalement la même clientèle que celle des banques en ligne et sur mobile, ou que Uber en France par exemple. Certes, il est encore tôt pour juger vraiment du développement de l’Apple Card mais cette similitude des chiffres est assez troublante.
Des GAFA, il est pourtant attendu qu’ils séduisent une clientèle très large, qu’ils convertissent largement les populations aux nouveaux services digitaux. Sinon, ils ne représentent pour les banques qu’une menace relative et leur développement dans les activités bancaires sera long, bien plus long que ce qui a été prévu. Et dès lors, qui saura rendre la banque digitale vraiment populaire ?
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