Depuis 2006, est active en Australie et en Nouvelle-Zélande une solution de paiement en ligne à côté de laquelle utiliser Paypal parait lourd et compliqué ! En matière d’innovation, Poli Payments, une startup basée à Melbourne, représente un véritable cas d’école.
Avec Poli tout est très, très, simple. Chez les commerçants en ligne qui acceptent la solution (ils sont déjà nombreux et importants), vous cliquez sur une icône « Pay now ». Vous êtes alors basculé sur le site internet de votre banque. Vous accédez à votre compte et effectuez un virement en utilisant un formulaire correspondant à votre achat. Vous recevez une confirmation émise par le commerçant. Voilà tout !
Vous venez de payer en ligne sans utiliser une carte ou un portefeuille électronique. Vous n’avez pas quitté le site marchand, n’avez entré aucun mot de passe sinon celui pour accéder à votre compte en ligne. Vous n’avez pas eu besoin de téléchargez une application. Vous n’avez fourni aucune information à Poli. Pour les acheteurs, Poli est gratuit. 1% est prélevé aux commerçants sur le montant des transactions.
On a été tenté de décrier la solution pour son manque de sécurité, son exposition à des risques de détournement, ce qui nous semble assez exagéré par rapport à la plupart des autres solutions. Mais Poli paraît sans doute une solution trop belle pour être vraie. On se dit qu’il doit bien y avoir une faille. En Europe, 28 banques ont décidé d’élaborer une solution comparable avec MyBank dans le cadre de l’EBA Clearing. Mais, d’emblée, il semble que le schéma sera loin d’être aussi simple et, compte tenu du nombre de participants, que sa réalisation demandera « un certain temps ».
Poli représente un véritable cas d’école et l’on peut comprendre que l’ancienne responsable de Paypal Australie, Bonnie Boezman, ait finalement choisi de prendre les rennes de la startup.
Poli répond à un besoin évident car beaucoup d’internautes n’aiment pas utiliser leur carte bancaire en ligne, tandis que les portefeuilles électroniques sont encore peu répandus.
Poli propose une solution universelle, alors que les portefeuilles électroniques doivent élaborer leur propre réseau d’acceptation. Poli propose simplement aux commerçants de connecter directement leurs clients à leur banque, sans que celle-ci soit davantage impliquée, de sorte que, simple cordon, Poli peut rallier à sa solution pratiquement autant de banques qu’il veut.
Les extensions possibles d’une telle solution sont nombreuses et assez évidentes : Poli a lancé un système comparable pour les paiements PtoP sur Facebook et il se lance également dans le règlement de factures.
L’utilisation de Poli est instantanée. C’est peut-être ce qui la singularise le plus désormais : pas de registration, pas d’identification, pas de mot de passe, ce qui devient de plus en plus rare sur le web, où partout nous sommes invités à remplir des bases clients, avec pour plus visible effet de recevoir des messages d’information et de promotion qui passent directement à la corbeille ou dans nos spams.
Enfin, Poli est gratuit pour les acheteurs. Il le met astucieusement en avant alors que c’est bien le moins puisque, finalement, Poli ne fait pratiquement rien ! Il nous invite seulement à faire des virements depuis notre compte en banque pour régler nos achats en ligne. A cet effet, il a mis en place un assez simple cordon pour que cela s’arrange facilement et il est vrai que ne l’aurions pas fait sans cela mais c’est tout ! La solution est totalement opportuniste mais il fallait y songer. Les banques, qui devraient l’avoir développée depuis longtemps, ne l’ont pas imaginée.
Reprenons : une réponse forte à un besoin + une solution universelle + de nombreuses extensions possibles + transparence et instantanéité d’usage + gratuité, combien de solutions nouvelles de paiement connaissez-vous qui répondent à ces cinq critères ?
A vrai dire, un sixième critère doit être pris en compte, qui est la clé de tous les autres et qui tient au fait qu’en Australie et Nouvelle-Zélande des commerces bien implantés (Virgin Blue, Air New Zealand, …) et même le gouvernement néo-zélandais ont accepté de travailler avec une startup qui n’avait pas dix années d’existence. Il n’est pas du tout certain qu’il en irait de même en France…
T. Lowry/Score Advisor