Entrepreneur bruxellois, Xavier Corman connaissait bien les problèmes de trésorerie qu’affrontent les petites entreprises. Cela lui a donné l’idée de cofonder, avec trois partenaires, Edebex, une plateforme en ligne sur laquelle les entreprises peuvent céder leurs factures à des investisseurs, de manière particulièrement intéressante et commode. Ces dernières années, de nombreuses solutions de financement alternatives sont apparues pour les entreprises. Mais la plupart sont très chères ou très sélectives. Edebex évite d’être l’un et l’autre et rappelle que, quand elle est la plus utile, l’innovation apporte une vraie simplification.
Edebex s’adresse prioritairement à la clientèle des petites entreprises qui, on le sait, peinent souvent à obtenir des financements bancaires à la hauteur de leurs besoins, qui accèdent difficilement à l’affacturage et encore moins au crowdlending – Unilend ou Lendix ne financent guère plus de 1% des dossiers qu’ils reçoivent.
Or beaucoup de petites entreprises sont les prestataires ou sous-traitants d’entreprises ayant une bien plus importante stature qu’elles. Qui présentent en tous cas un bien meilleur risque de crédit. A partir de là, c’est sa particularité, Edebex a retenu le principe d’une cession sans recours des factures – la seule condition est que la prestation ait été engagée ou réalisée (les factures d’acompte ne sont donc pas acceptées). La facture disparaît ainsi du bilan du cédant et, en cas de non paiement, l’acheteur ne peut se retourner que sur le tiré. Une assurance crédit couvre néanmoins son risque, qui est incluse dans la commission que retient Edebex et qui est donc payée par le cédant.
Les avantages d’une telle solution sont importants : Edebex n’a pas d’analyse de risque à mener sur les cédants, de sorte que ces derniers, dès lors qu’ils travaillent pour de bons risques, sont assez sûrs de pouvoir trouver preneurs pour leurs factures. Enfin, la décote appliquée aux factures, couvrant en partie le risque sur les cédants, est bien moindre que celle qu’appliquent les plateformes comparables. Tout en proposant aux acheteurs un rendement annuel moyen de 10%, Edebex ne retient au total aux cédants que de 3% à 4% du montant de leurs factures, commissions comprises – quand des décotes de 13% à 15% ne sont pas rares sur des sites comme MarketInvoice. Par ailleurs, Edebex développe un algorithme d’analyse des factures elles-mêmes, afin de prévenir tout risque de non-paiement.
Les banques comptent parmi les principaux acheteurs d’Edebex mais elles ne sont pas les seules. Selon le droit français, l’achat d’une facture est assimilable à un crédit et est donc réservé aux établissements du même nom, ainsi qu’aux fonds de titrisation (c’est la solution qu’a retenue Finexkap, qui achète les créances et les titrise). Cette restriction n’existe pas dans le droit belge cependant et Edebex – qui a néanmoins étendu ses activités en France, comme au Luxembourg et aux Pays-Bas – en tire parti.
Au total, sans tapage médiatique, Edebex, véritablement lancé depuis 2014, a déjà financé plus de 65 millions € de factures. Mais en quoi cette startup est-elle atypique ?
Quand on parle startup, en général, on pense à de très jeunes gens bien diplômés proposant des solutions technologiques de rupture voulant initier les comportements de demain. Les créateurs d’Edebex, eux, disposent d’une certaine séniorité. Ils connaissent d’expérience les problèmes des entrepreneurs et cela se sent immédiatement : ils ont cherché à développer une solution qui soit véritablement simple, c’est-à-dire immédiatement utile.
Sous certaines conditions que nous avons présentées, en effet, la plateforme semble avoir été particulièrement conçue pour permettre aux entrepreneurs de trouver un financement facilement, donc avec un bon degré de certitude. En regard, il suffit d’aller sur une plateforme de crowdlending. Faire une demande de financement y est facile mais, pour les entrepreneurs, cela ne représente pas une solution simple, au sens où ils ne peuvent facilement avoir la certitude que leur demande de financement aboutira. Du fait de la sélectivité qu’exercent les plateformes mais aussi parce que ces dernières ne sont nullement explicites quant à leurs critères d’analyse et de sélection. A ce compte, il est plus simple de s’adresser à son banquier, quoique depuis des années, les chargés de compte disposent de moins en moins de pouvoir et sont même de moins en moins sûrs de la bonne fin qui sera donnée aux demandes de leurs clients.
Normalement, sur un marché crucial, comme celui du financement des entreprises, l’emporte celui qui fournit la solution non pas la plus smart, ni même la plus facile, mais la plus sûre. Edebex pourrait avoir beaucoup d’avenir.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor