Disons-le franchement et brutalement : Ma French Bank, la banque 100% mobile de La Banque postale entend monter en gamme et soit sa nouvelle offre est incroyablement mal pensée, soit elle marque, sans le dire, un véritable tournant.
C’est en effet la réaction que l’on peut avoir en lisant l’interview d’Alice Holzman, la Directrice générale de Ma French Bank, dans Moneyvox. L’établissement relève (très légèrement) le tarif de son offre standard, le « Compte original » et lance, à 6,90 € par mois, un compte premium, le « Compte idéal ».
Il est attendu que ce dernier fidélise un public entre 18 et 35 ans. Essentiellement à partir d’un programme de cashbacks et un peu de soutien, à travers le choix des cartes bancaires, à deux fondations partenaires impliquées dans la RSE. S’y ajoutent quelques assurances et un accès prioritaire au service client.
Et, c’est tout ? Oui.
Aucun service novateur ou distinctif. Aucune ouverture vers les placements ou l’épargne. Et, surtout, aucun accompagnement vers le crédit, qui est pourtant le principal souci de la clientèle dans la tranche d’âge visée.
A la question de savoir pourquoi il n’est pas à l’ordre du jour de permettre des découverts, la Directrice générale répond qu’il est plutôt proposé un crédit renouvelable. Aujourd’hui, l’idée de sortir de la logique du découvert est particulièrement d’actualité. Elle suscite de nouvelles approches, qui modifient l’attitude traditionnelle des banques vis-à-vis des clients. Ma French Bank se contente cependant de proposer un crédit renouvelable peu… conciliant. Avec un TAEG révisable de 17% !
Avec 400 000 clients conquis depuis deux ans, le succès de Ma French Bank est plutôt modéré. Et il est difficile de croire que la nouvelle offre va l’accélérer. A moins qu’elle ne corresponde à une réalité que personne ne voit encore.
« Nous sommes distribués en bureaux de poste, nous touchons une cible large, au sein de laquelle nous retrouvons notamment des jeunes et des clients à revenus modestes – un tiers environ – qui cherchent avant tout à maitriser leur budget », explique Alice Holzman. Pour cette clientèle, continue-t-elle, l’interdiction de découvert est plutôt vécue comme un bénéfice. Car le découvert fait peur. En revanche, compte tenu des attentes de sa clientèle, Ma French Bank va continuer à fournir des outils de gestion et de budget.
Reformulons donc notre première et brutale remarque : soit l’on conçoit Ma French Bank comme une offre d’entrée de gamme pour les jeunes et son « Compte idéal » répond mal à ce qu’on peut attendre désormais d’une offre bancaire premium.
Soit elle prend acte du fait qu’une part croissante de la population, jeune et moins jeune, n’accédera pratiquement plus aux services bancaires et au crédit, au-delà de la gestion de comptes et des paiements. Ce qui nous ramènerait à la situation de la population française d’il y a une cinquantaine d’années. Est-ce possible cependant, dès lors que d’autres offres se multiplient ? Il suffit par exemple de penser au paiement fractionné. Cette nouvelle offre de Ma French Bank a de quoi intriguer.
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