Plum est un coach d’épargne qui rencontre un succès assez vif au Royaume-Uni et qui avec son Money Maximiser a introduit le principe d’une mise en épargne systématique (sur différents supports au choix) de tous les revenus. On en retire, sur la base d’une estimation automatisée, ce qui est nécessaire pour les dépenses courantes. Or Plum va désormais plus loin et introduit une « Naughty Rule » (pour le moment uniquement au Royaume-Uni).
Cette « vilaine règle » permet de sélectionner des dépenses chez certaines enseignes correspondant à de mauvaises habitudes (acheter un paquet de cigarettes, par exemple), ce qui déclenchera un surcroit d’épargne au titre d’une compensation ou d’une punition.
Cela peut paraitre assez incroyable mais Plum vient ainsi d’introduire ouvertement (ce comportement existait déjà sans doute chez un certain nombre de personnes) la notion de repentance en matière de gestion financière.
C’est une nouvelle pierre apportée à la construction de ce que nous avons appelé la « banque nounou », soit l’évolution des relations bancaires vers un coaching de plus en plus psychologique, fondé sur des récompenses et donc, forcément, des punitions.
A cet égard, la démarche de Plum n’est pas si nouvelle. Dans la même voie, Tangerine (ex ING Direct au Canada) fut l’une des premières banques à proposer de faire de « Small Sacrifices ». Les mots comptent. On n’épargne plus. On se prive, un peu, pour atteindre ses objectifs. La proposition intègre cette dimension psychologique de renoncement et s’attache à déterminer quels « petits sacrifices » on sera finalement tout content d’avoir fait. Et, en 2016, Ally Bank aux Etats-Unis testait Splurge Alert pour inviter ses utilisateurs à résister aux tentations. L’appli s’efforçait de détecter certaines dépenses sans doute pas très utiles. Notamment parmi celles qui ont tendance à se répéter, estimait-elle, trop souvent. De sorte que des alertes puissent se déclencher lorsqu’on arrive à proximité de certains magasins familiers…
Mais à vrai dire, les vrais pionniers de cette démarche sont les géants de l’internet chinois et particulièrement Alipay d’Alibaba, qui a commencé par restituer à chaque utilisateur ses relevés d’opérations financières sur plusieurs années à travers un portrait psychologique individuel déduit de ses modes et types de dépenses. Or cette segmentation personnalisée a été plutôt bien reçue par les jeunes, surpris de se découvrir ainsi et comparant leurs portraits.
L’idée était que montant et nature du crédit auquel chacun a droit soient fonction de chaque profil individuel, que les utilisateurs peuvent renforcer ou corriger, en changeant leurs mauvaises habitudes – sachant que cela peut aller très loin. Ce système a été la matrice de ce qui est devenu depuis le crédit social.