Deux annonces récentes : Equifax et Fair Isaac s’associent pour délivrer de nouveaux services aux banques (Fortune) ; BBVA accordera des crédits plus avantageux aux entreprises qui présentent la plus forte maturité digitale (Finextra). Entre ces deux annonces, de profonds bouleversements en matière de credit score se dessinent.
Selon le Wall Street Journal, les deux credit bureau Equifax et Fair Isaac, qui gèrent le système de scoring FICO, vont entrer en partenariat pour vendre de nouveaux services aux banques et autres sociétés de services financiers, leur permettant d’automatiser les décisions de crédit, de mieux cibler les consommateurs et de réduire les fraudes.
N’ayant pas d’équivalent chez nous, le score de crédit individuel FICO (apparu en 1989) est utilisé par la plupart des banques américaines mais est produit indépendamment d’elles. Dans un précédent billet, nous avons présenté l’UltraFico Score, visant à donner une seconde chance à tous ceux dont les demandes de crédit sont refusées. A présent, la démarche d’Equifax et Fair Isaac est plus globale.
Elle vise d’abord à automatiser et à accélérer les processus d’octroi de crédit. Elle répond ainsi à la montée en puissance des prêteurs en ligne aux Etats-Unis, signalée dans notre précédent billet, en externalisant pour le compte des établissements financiers une large partie des tâches de KYC. En Europe, des solutions comparables sont apparues, notamment avec des startups spécialisées comme Tetrao.
Mais Equifax et Fair Isaac vont plus loin. Ils entendent attirer l’attention des prêteurs sur des emprunteurs potentiels qu’ils estiment fiables même s’ils ne remplissent pas tous leurs critères classiques. Aussi bien qu’ils entendent recommander d’ajuster les offres de crédit en fonction de certains profils. Dès lors, l’analyse de risque – généralement considérée comme l’une des compétences les plus core des banques – approfondie par des intervenants extérieurs à elles, devient en partie désintermédiée. En France, on peut imaginer que les courtiers en ligne seraient susceptibles d’aller vers ce genre de services.
Or, dans le même temps, on pourrait voir les banques utiliser pour déterminer leur octroi et conditions de crédits, des éléments qui ne sont pas directement reliés au risque de crédit stricto sensu. BBVA vient ainsi d’introduire un nouveau type de prêt aux entreprises – le D-Loan – qui voit son taux d’intérêt baisser à mesure que l’emprunteur progresse vers la « maturité numérique ». Laquelle est déterminée par un cabinet de conseil extérieur, le Boston Consulting Group, et révisée chaque année, en tenant compte d’éléments tels que la priorité donnée à la numérisation au sein de l’entreprise, les différentes initiatives et feuilles de route mises en place, les modèles de marketing numérique et la manière dont l’innovation est encouragée en interne. Ces éléments sont traduits en objectifs tout au long de la vie du financement et ils conditionnent, s’ils sont atteints, la tarification des prêts. Le groupe agroalimentaire singapourien Olam International est le premier à avoir souscrit un D-Loan
Pour BBVA, un tel positionnement est intéressant, particulièrement à l’adresse des jeunes entreprises. Et bien entendu, un tel système pourrait connaitre de nombreuses déclinaisons (prise en compte d’éléments de RSE, d’utilité générale, …). Ainsi, alors même que les fonctions et tâches classiques d’octroi sont automatisées et peuvent ainsi être facilement externalisées, on pourrait assister à une réorientation beaucoup plus commerciale et prospective des critères d’engagement des banques.
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