Dans le cadre d’une enquête menée dans 13 pays européens, ING a posé la double question de savoir si l’agrégation de comptes (le partage de données personnelles entre différents fournisseurs de services avec l’autorisation de l’utilisateur) est une bonne chose et si elle parait utile. En moyenne, la réponse du public peut se résumer en un mot : bof !
En moyenne, 30% des Européens trouvent que l’agrégation de comptes est une bonne chose. Toutefois de fortes différences apparaissent entre pays. Allemands et Autrichiens sont 60% et plus à en juger ainsi ; les Roumains sont 40% et plus. Partout ailleurs, le pourcentage atteint au mieux le tiers des sondés. Belges, Luxembourgeois et Hollandais sont parmi les moins enthousiastes et les Français le sont à peine davantage (16%).
Quant à savoir si l’agrégation de comptes parait utile. Nulle part, sauf en Turquie, le public ne le reconnait à plus de 30%. Les Autrichiens, qui approuvent majoritairement la fonction la trouvent tout aussi majoritairement assez peu utile ! C’est le contraire – un peu – aux Pays-Bas ou en France (19%).
Dans ses commentaires, ING y voit un problème de confiance : on approuve mais on n’en veut pas trop pour soi ou bien on reste méfiant. Il convient donc de s’attendre à une appropriation progressive, le temps que changent les habitudes. Sans doute faudrait-il néanmoins souligner plutôt que, dans les résultats du sondage, les pourcentages du public jugeant la fonction utile sont nettement supérieurs à ceux qui l’utilisent effectivement – en France notamment.
Sans doute faudrait-il surtout se demander quelle fraction du public peut effectivement être concernée par la fonction et sous quelles conditions, à quelles occasions.
La DSP2 qui a défini le cadre réglementaire de l’agrégation de comptes visait à accélérer la mise en concurrence des établissements, pour favoriser la baisse des frais bancaires. Et comme souvent pour ce genre de grande décision administrative, on a un peu oublié de se demander si le marché était effectivement en mesure de la soutenir. Selon ING, 178 acteurs proposent l’agrégation de comptes au Royaume-Uni aujourd’hui mais seulement 36 en Allemagne et 18 en France.
En somme, ce sondage, comme beaucoup d’autres sur les innovations de la banque digitale, montre que, face à elles, le public se sent majoritairement peu concerné. Il faut en ce sens rapprocher ces résultats de ceux que produit Ron Shevlin dans un récent papier sur le faible engagement client vis-à-vis des banques américaines (qui profite d’ailleurs aux plus grandes d’entre elles). Au point que l’enjeu pour les banques puisse être ni de conquérir de nouveaux clients ni de fidéliser ceux qu’elles comptent déjà mais de les ré-acquérir !
Comment ? Sans doute, plutôt que de parier sur l’attrait irrésistible en soi des innovations technologiques, en tenant davantage compte des attentes et des usages.
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