« La révolution monétaire is the new révolution sexuelle ». Sous ce titre, le site de tendances L’ADN a récemment publié un dossier de plusieurs articles pour souligner comment, avec les cryto-monnaies, notre rapport à l’argent se désinhibe et bouleverse le paysage bancaire. Un dossier qui mérite certainement un détour.
Commençons néanmoins par quelques avertissements. Au fil des différents articles, on trouve pas mal de confusions et du grand n’importe quoi. Passent encore les formules dignes d’un site pour ados (interview de « l’expert français de la blockchain », sic), les lieux communs de la bobosphère parisienne (interview de l’inévitable économiste-américaine-proche-de-Bernie-Sanders qui nous explique que « tant que l’inflation n’augmente pas, la dette d’un pays est soutenable », re-sic) et de nombreuses perles (spéculer sur les cryptos pour… sortir du capitalisme, re-re-sic), etc.
On peut davantage se formaliser, en revanche, de présentations des nouveaux « finfluenceurs » et autres « money gourous » sur les réseaux sociaux qui ne se soucient guère de distinguer entre conseil financier et escroquerie pure et simple.
Quant à la thèse principale, à la fois sommaire et forcée, elle a de quoi irriter : en somme, les cryptos nous redonnent du pouvoir sur notre argent et nos vies, comme la révolution sexuelle l’a fait par rapport à notre corps. Avec elles, le tabou de l’argent s’apprête à tomber (si, si !). Elles rejoignent donc les luttes féministes (si, si , si !) et il faudrait envisager une éducation à la liberté monétaire dès 9 ans !
Pourtant, malgré tout cela, ce dossier de L’ADN est passionnant. Quant il présente de nouveaux jeux hybrides de Pokemon et du Bitcoin, de Sims et d’Ethereum. Quand il retrace les nouveaux relais d’influence financière sur les réseaux sociaux. Quand il met exactement le doigt sur la grande novation de l’univers des cryptos : lier et mettre à la portée de tous création monétaire et jubilation.
Et, avec tout cela, ce dossier de l’ADN est important. Parce qu’aujourd’hui, avec la montée des services financiers digitaux, la valeur ajoutée des banques se concentre sur leur fonction de conseil. A cet égard, l’éducation financière est devenue un thème important ces dernières années. Une impérieuse nécessité pour les établissements financiers, lesquels ne savent cependant guère nous recommander pour la gestion de nos finances qu’un profil de « bon père de famille », comme on disait autrefois. Quand les plus jeunes apprennent à faire fortune en quelques clics sur les réseaux sociaux !
Bien sûr qu’en fait de fortune beaucoup se font et se feront plumer. Et bien sûr qu’il faut les en prévenir. Mais si la communication se borne à cela, ce rôle de censeur ne peut plus passer pour du conseil et c’est cela que les banques doivent réaliser. A la faveur des crypto-monnaies, un nouveau rapport à l’argent est effectivement en train de s’installer : un rapport essentiellement actif, exploratoire et qui cherche, comme avec les jeux, une certaine jubilation.
A cet égard, le rapprochement avec la révolution sexuelle n’est pas sans pertinence. Effectivement, en matière de finance, si l’on est, plus que jamais, en demande de conseil et même d’éducation, ce n’est pas pour s’entendre dire ce qu’on doit faire ou ne pas faire. A suivre L’ADN, le conseil financier doit désormais inclure une dimension d’excitation. Vaste programme !
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