Il y a déjà quelques années, la finance comportementale faisait beaucoup parler d’elle. Des chercheurs comme Viviana Zelizer exploraient la complexité psychologique et sociologique des rapports à l’argent et aux dépenses. Malheureusement, pour les professionnels de la finance, ces contributions se sont trop vite cantonnées aux approches de type Nudge (ou comment manipuler les clients à leur insu – le marketing-du-pied-dans-la-porte 2.0.). Avec, finalement, des résultats contre-productifs.
Selon une récente étude menée par Think Forward Initiative et l’Eller College of Management de l’University of Arizona, loin d’aider à mieux gérer son budget et maitriser ses dépenses, les applications de PFM (Personal Finance Management) qui accompagnent désormais les applis bancaires ont un effet largement inverse sur les personnes qui les utilisent et les poussent à consommer plus inconsidérément que les autres. Surtout en fin de mois. Quand il reste de l’argent sur leur compte.
Cette alerte n’est pas tout à fait nouvelle. En 2018, une autre étude du Global Financial Literacy Excellence Center de la George Washington School of Business pointait que les utilisateurs des mêmes outils de PFM tendaient à davantage s’endetter et à prendre de mauvaises décisions financières.
Notre comportement financier est soumis à différents biais psychologiques. Ainsi a-t-on pu établir qu’on tend à dépenser plus en se servant d’une carte bancaire qu’avec du cash. Ce qui a d’ailleurs longtemps restreint l’utilisation de leur carte chez bon nombre de personnes. Les outils de PFM, eux, sont susceptibles de fournir une fausse sécurité qui dispense leurs utilisateurs de budgéter réellement leurs dépenses, les faisant profiter du moindre solde disponible. De sorte que l’étude suggère que ces outils devraient délivrer des informations… moins précises !
Sans doute une meilleure prise en compte des attitudes – finalement très communes – en matière de dépenses et de gestion d’argent éviterait ce genre de déconvenue. Qu’il s’agisse des outils de gestion, comme de tout ce qui touche à l’expérience utilisateur et au bien être financier. Voire même à l’éducation financière.
On nous objectera que, non, pas l’éducation financière ! Celle-ci doit justement éviter les errements en matière de dépenses et de budget. Sans doute. Mais on aimerait bien savoir combien, parmi les jeunes « Robinhood » qui défrayent aujourd’hui la chronique en mettant en difficulté les hedge funds (GameStop), comme en faisant également assez n’importe quoi (Hertz), combien ont lu le best-seller Père riche, père pauvre de Robert T Kiyosaki !
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