Certains établissements, comme la Sberbank russe, testent aujourd’hui la livraison d’argent par drones. Au Kenya, Equity Bank, bien que possédant plus d’un cinquième du parc national d’automates, soit 520 unités, a décider de tourner le dos à ces derniers, les jugeant trop onéreux dès lors qu’ils n’évitent pas les files d’attentes et que les clients leur préfèrent à la fois les agences à guichets et la banque sur mobile.
Ce sont là des exemples de banques qui anticipent un monde où le cash est moins utilisé et où les GAB ont disparu. Un tel scénario est-il envisageable en France ?
Les plus de 57 000 automates (Guichets et Distributeurs automatiques de billets) que les banques ont installés en France représentent l’un des éléments les plus importants du mobilier urbain – on en compte moins que de feux-rouges mais plus que d’abribus ! Ils sont devenus à ce point omniprésents dans nos villes qu’on ne les remarque presque plus. Les banques même tiennent-elles pleinement compte qu’ils représentent leurs premières vitrines, les points de contact avec leurs clients les plus utilisés ? Et qu’ainsi nos contacts les plus fréquents et répétés avec notre banque passent souvent par l’automate d’une autre ?
Aujourd’hui, cependant, les volumes de transactions stagnent : à 22, le nombre moyen de retraits annuels par porteur de carte bancaire en 2016 a baissé de 10% par rapport à 2014. Or, le développement du paiement sans contact et par mobile ne permet plus de croire à un développement des retraits.
Pour y faire face, on développe de nouvelles fonctionnalités sur les automates mais, outre qu’elles peinent à convaincre le public, tandis qu’elles augmentent significativement les coûts de fonctionnement, cette tendance n’est-elle pas contradictoire avec le développement, activement poussé par les banques, de la banque sur mobile ? La question peut difficilement être évitée.
Ce n’est que depuis fin 2010 qu’il est devenu possible de connecter pleinement l’ensemble du parc à l’informatique des banques et notamment aux outils de CRM. Les automates deviennent ainsi un canal client comme les autres, capables d’assurer une reconnaissance individuelle des clients et donc de servir d’instruments de fidélisation. Cependant, à quoi servent un écran et un clavier si chacun utilise couramment son mobile pour accéder à des services bancaires ? L’avenir ne serait-il pas plutôt à de simples distributeurs de billets, comme certaines banques commencent à les tester ?
Ces questions s’imposent car, contrairement à ce que l’on croit souvent, beaucoup d’automates ne sont pas rentables. Mais alors que les volumes de transactions n’augmentent plus, que la commission interbancaire de retrait a baissé et que le mobile banking pousse à une moindre utilisation des espèces, les automates bancaires français demeurent trop uniquement utilisés pour les retraits et la consultation de comptes.
Au-delà, par comparaison avec d’autres pays, certaines pistes apparaissent, comme l’externalisation de leur gestion ou l’accueil de partenaires non bancaires sur des automates devenus des bornes urbaines de communication et de proximité, dans des villes de plus en plus connectées.
Toutefois, quel serait le modèle économique de ces nouveaux services, qui supposeraient des investissements conséquents pour transformer les automates ? Au sein des villes, ceux-ci pourraient permettre la diffusion de toute une documentation matérialisée, ce qui recouvre beaucoup de choses : billets, plans, attestations, … Mais l’impression de cette documentation n’est-elle pas vouée à ne représenter de plus en plus qu’un traitement par exception par rapport à sa simple disposition sur mobile ou tablette ? Les écrans et claviers des GAB peuvent-ils avoir demain plus qu’une utilité de dépannage ou de secours ?
En France, une disparition pure et simple des automates ne semble pas crédible à court et moyen terme. Leur réduction, en revanche, est engagée et leur mutation – qui pourrait correspondre à un recentrement sur leurs fonctions de base (retraits et dépôts) – parait inévitable. Dans ces conditions, leur gestion pourrait également être revue. Et certains responsables admettent aujourd’hui qu’une mutualisation interbancaire des automates serait tout à fait envisageable, notamment pour assurer une couverture minimale du territoire.
Mais tous ces constats sont-ils partagés ? Beaucoup d’établissements n’ont pas encore réduit leur parc d’automates et un certain nombre l’ont même développé ces dernières années.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor