Aux USA, depuis 2006, s’est développée avec succès la remise de chèques par simple capture photo sur son smartphone. En France, rien de tel n’est apparu. Pourquoi ? Explications avec la Caisse d’Epargne Rhône Alpes, qui en octobre 2014 a lancé, en partenariat avec Tessi, Cheq’Scan.
Avec Cheq’Scan, on photographie les chèques à partir d’une appli téléchargée sur son smartphone. Les données sont ainsi numérisées et le bordereau de remise automatiquement rempli. Il suffit alors de le valider et d’envoyer les chèques par courrier à un centre de traitement. Or c’est précisément ce qu’il n’est plus besoin de faire aux USA. Les remettants conservent les chèques deux semaines en général et ils peuvent ensuite les détruire. Pourquoi n’en va-t-il pas de même avec Cheq’Scan ?
« La législation française nous oblige à demander à nos clients de nous envoyer les chèques physiques. Les banques ne peuvent procéder à aucun paiement en leur absence », explique Frédérique Werdefroy, Responsable Canaux Distants à la Caisse d’Epargne Rhône Alpes. « Il ne nous est donc pas possible de développer le même service que les banques américaines ».
Aux Etats-Unis, en effet, le Check Clearing for the 21st Century Act ou « Check 21 Act » de 2003 a autorisé les bénéficiaires de chèques papier à en créer une version digitale (check truncation) pour leur substituer des chèques numériques de substitution. Le chèque demeure ainsi essentiellement une pièce manuscrite pour la législation française, quand il n’est plus que la marque d’une entente de paiement aux USA et au Canada, ce qui représente un gain de temps et d’argent pour tout le monde – certaines banques américaines n’hésitent pas d’ailleurs à facturer le service.
Faute de pouvoir s’appuyer sur des évolutions légales comparables, Cheq’Scan apporte surtout une commodité : il n’est pas besoin de passer à sa banque pour déposer ses chèques ni de remplir un bordereau papier (s’il en reste dans la zone libre service, quand l’agence est fermée) et, si on les transmet par courrier, les chèques sont crédités dès leur réception physique mais avec une date de valeur à J+1 de l’opération réalisée sur Cheq’Scan. C’est un avantage plutôt modéré mais après tout « si l’on est pressé, souligne Frédérique Werdefroy, le mieux est de scannériser ses chèques aux bornes disponibles à cet effet dans les zones automates (1). Or, nos agences et nos automates, il y en a partout. »
La remarque nous parait particulièrement intéressante car, dans les débats actuels sur la banque digitale et les agences, on est trop vite enclin à considérer que toute interaction physique serait une perte de temps par rapport à l’utilisation d’un mobile. On oublie que la plupart des clients actifs sont en mouvement, en déplacement toute la journée. Dès lors, compte tenu de la densité des réseaux d’agences et d’automates bancaires, les solutions digitales, si elles sont commodes et indispensables pour couvrir tous les besoins de la clientèle et particulièrement des clients de la banque en ligne, ne sont pas forcément les plus efficaces et n’offrent pas obligatoirement plus d’avantages que celles disponibles dans le réseau physique – sauf si des évolutions légales les favorisent particulièrement.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor
(1) Le service « scan cheque » n’est pas encore intégré dans les GAB.
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