De plus en plus d’études tirent le signal d’alarme quant à la rentabilité des développements digitaux dans les banques. L’une des plus complètes est fournie par le benchmark annuel que, depuis 20 ans, le cabinet Itopia (Zurich) mène sur les coûts IT de 37 banques suisses (26 banques de retail et 11 banques privées). Selon les données disponibles, les tendances que dégagent les indicateurs utilisés se retrouvent dans la plupart des autres pays OCDE, dont la France.
Le constat – alarmant – que dresse Itopia tient en trois points :
1/ Le digital devait faire baisser les coûts IT : ils grimpent partout !
2/ Il devait réduire le nombre des personnels opérationnels : ils augmentent.
3/ Il devait améliorer la productivité : on n’y est pas non plus…
En effet, alors que les dépenses IT par employé s’accroissent – ce qui traduit des investissements importants en matière de digitalisation depuis plusieurs années – le revenu par employé, en chute depuis 2017 pour les banques suisses, ne montre aucune tendance au redressement.
C’est que si elle occasionne à ce stade plus de dépenses, la digitalisation n’augmente pas les ventes. Le revenu opérationnel par client a chuté de 10,5% en moyenne dans les banques suisses en 2020 – année exceptionnelle, certes, mais la tendance se constate depuis plusieurs années.
Apparemment, le digital est bien moins utilisé pour développer des offres nouvelles que pour automatiser les services existants, sans provoquer de restructuration profonde de ces derniers puisque les forts écarts entre établissements ne baissent pas.
Ainsi, dans la banque de détail, le coût IT médian par clients actifs est de 169 francs suisses, avec des écarts allant de 57 CHF à 250 CHF. Dans la banque privée, le coût médian atteint 1 628 CHF, avec des écarts allant de 475 CHF à 4 314 CHF.
Au total, alors que 90% des banques suisses entendent développer fortement leurs capacités de Data Management, ces indicateurs soulignent que le business model de la banque digitale reste encore à trouver.
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