Alors que le parc d’agences bancaires se réduit assez fortement Outre-Rhin, la fintech Finanzcheck Finanzportale est en train elle d’ouvrir son premier point de vente physique. Paradoxe ? Pas tant que ça. D’autant que cette première installation ne sera pas une agence bancaire tout à fait comme les autres.
Selon une étude, le nombre d’agences bancaires a diminué de moitié au cours des 20 dernières années en Allemagne, passant de 60 000 à 30 000. Et le Boston Consulting Group estime que 13 600 autres agences seront fermées d’ici 2021. En 2017, la Deutsche Bank a réduit ses agences de 720 (incluant la Berliner Bank mais non la Postbank) à 530. Toutefois, la Deutsche Bank a les problèmes que l’on sait…
En fait, les fermetures d’agences en Allemagne ces dernières années ont surtout été précipitées par la réduction du nombre de Caisses d’épargne (moins treize en 2017, ce qui a provoqué la fermeture de 766 agences) et de banques mutualistes (moins 5,9%, entrainant la fermeture de 679 agences). Dans le même temps, certains établissements continuent néanmoins à ouvrir des agences, particulièrement à l’adresse des professionnels (ex : Deutsche Kreditbank). Cela concerne notamment les banques étrangères, comme les Autrichiennes Oberbank AG et Easybank – la banque en ligne de Bawag PSK.
Le contexte étant ainsi précisé, l’ouverture d’une agence physique (comptant trois chargés de clientèle) par Finanzcheck n’a rien de paradoxal. La fintech déclare avoir arrêté sa décision en considération du nombre de ses clients qui, d’eux-mêmes, se rendaient à son siège social, pourtant nullement équipé pour les recevoir. La nouvelle agence, ainsi, est ouverte à Hambourg, où Finanzcheck est installée. Rien n’est à ce stade arrêté mais la formule pourrait être étendue à d’autres villes allemandes. Pour la fintech, le contact direct physique n’appartient donc pas du tout au passé – qui d’ailleurs croit encore aujourd’hui le contraire ? Pour beaucoup de clients, c’est un fait, internet et des conversations téléphoniques ne suffisent pas pour acquérir pleine confiance et emporter une décision.
Toutefois, ce n’est pas exactement une agence bancaire que Finanzcheck est en train d’ouvrir. C’est que la fintech est d’abord un comparateur en ligne de crédits, créé en 2010 et comptant 225 employés. Or Finanzcheck ne permet pas seulement de comparer les offre de crédits de plus de 30 institutions différentes (y compris des prêteurs P2P en ligne). Développant son propre scoring, Finanzcheck est à même d’orienter ses clients vers les banques dont les conditions leur conviennent le mieux et avec lesquelles ce qu’il faut bien appeler le « supermarché bancaire » Finanzcheck est à même, de par la taille qu’il a d’ores et déjà acquise, d’obtenir de bonnes conditions.
Or cette formule de supermarché financier ou de crédits sur catalogue qui n’existait jusqu’ici qu’en ligne va désormais prendre la forme d’un magasin physique. Et si la formule finissait par se généraliser ? Certains prédisent que les banques finiront par mutualiser leurs agences. Cela semble difficile à imaginer à ce stade. Mais peut-être de nouveaux entrants arriveront-ils à le faire à leur place.
I. Reider/Score Advisor