On ne va pas forcément se faire des amis mais, franchement, on aimerait bien inviter les médias français à renouveler un peu les grilles de lecture qu’ils appliquent à l’actualité bancaire et financière. Parce qu’on ne peut tout simplement plus voir aujourd’hui les choses comme il y a cinq ou dix ans !
Apple va donc lancer sa carte de paiement et, dans la presse spécialisée anglo-saxonne, beaucoup d’observateurs se montrent plutôt suspicieux. A travers deux tribunes, Forbes, par exemple, se demande si cela ne témoigne pas du manque crucial d’idées nouvelles qui semble aujourd’hui frapper Apple et souligne que les marchés s’interrogent quant au modèle économique (fondé sur des cashbacks) qui va être mis en place pour assurer le lancement de la carte.
En France, on n’a pas lu les mêmes réserves mais on a eu des titres annonçant qu’Apple devient une banque ou une néo-banque. Comme si – enfin ! – la menace tant attendue que les GAFA sont censés (en France) représenter pour les banques se réalisait !
En somme, nous avons beaucoup de mal à nous dégager d’une vision très commune par ici, selon laquelle les banques sont des mastodontes incapables d’évoluer, au bord de la faillite, qui plus est, maintenus en survie artificielle par la BCE et de toute façon condamnés par les GAFA et toutes sortes de fintech et néobanques agiles et conquérantes.
Attention, néanmoins, ces discours ne sont plus crédibles et ils empêchent de voir ce qu’il est en train de se passer. Derrière la carte d’Apple, il y a l’incroyable transformation de Goldman Sachs et l’emprise qu’il est en train d’acquérir sur le marché grand public. Un signal fort, qui indique que les marchés bancaires sont en train d’évoluer dans un sens qui n’était pas du tout celui généralement attendu il y a cinq ans.
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