Comme nous l’avons annoncé, Amazon pourrait prochainement proposer un compte courant, en collaboration avec une ou des banques américaines et en ciblant les plus jeunes, ainsi que des populations mal bancarisées. Bien entendu, cette annonce a suscité un grand nombre de commentaires, parmi lesquels les trois suivants paraissent particulièrement intéressants.
Pour le cabinet de consulting Bain & Company, Amazon pourrait gagner ainsi 70 millions de clients dans les cinq ans, ce qui le situerait au même niveau que Wells Fargo, la troisième banque américaine. Ce chiffre peut paraître très élevé et même un peu gratuit mais c’est que Bain, à la différence de la plupart des commentateurs, se place à l’échelle mondiale, qui est véritablement celle d’un acteur comme Amazon. S’inspirant des succès de grands de l’internet dans le domaine financier, comme Alibaba en Chine ou Rakuten au Japon, Bain estime notamment que les marchés indien ou mexicain pourraient offrir des opportunités de taille. La « révolution » Amazon pourrait bien ainsi consister d’abord à voir arriver un acteur financier ayant d’emblée une envergure globale. Même si tous les pays ne seront pas concernés en même temps, Bain a certainement raison de souligner que cela change complètement la donne en termes stratégiques.
Qu’en pensent les banques ? Derek White, Global Head of customer and client solutions chez BBVA, pointe une différence à ses yeux essentielle entre les GAFA, qui suscitent énormément d’interactions peu valorisées (ce qui semble indéniable : même s’il est très élevé par rapport aux autres acteurs de l’internet, le taux de conversion d’Amazon ne dépasserait pas 10%) et les banques, avec lesquelles les interactions sont bien moins fréquentes mais qui, ayant trait à l’argent, à l’épargne et au… stress, sont marquées par un fort niveau de confiance. De sorte que remplacer les banques n’a rien d’évident pour les GAFA, tandis que les banques, elles, peuvent renforcer ce rôle de tiers de confiance que leurs clients, dans leur grande majorité, continuent à leur reconnaître.
Can banks be a threat to Big Tech?
La question de la confiance du public ne semble cependant pas représenter un obstacle insurmontable pour Amazon, s’il se lance dans les activités bancaires, souligne Jim Marous, qui cite un sondage. Et le co-éditeur de The Financial Brand d’expliquer en détail comment, à ses yeux, Amazon pourrait complètement changer l’expérience client, en intégrant le compte courant sur sa plateforme d’achats en ligne. Pour Jim Marous, les banques ne se sont pas assez occupées de transformer les comptes bancaires. Elles ont manqué de les faire évoluer, notamment en les personnalisant. Or c’est précisément ce qu’Amazon pourrait faire, en s’appuyant sur ses algorithmes d’analyse de données et en donnant à ses clients Premium, à travers ce qui serait désormais pour eux un véritable compte bancaire, accès à toutes sortes de services sous des conditions privilégiées.
Will Amazon offer the best digital checking account ever?
En fait, comme le montre notre dernière étude, de plus en plus de banques ont compris qu’elles ne peuvent plus se contenter de proposer des moyens de paiement mais doivent couvrir bien plus largement les comportements d’achat. En ce sens, elles se transforment en plateformes. Mais il est vrai que peu d’établissements, pour autant, explorent les formules de comptes bancaires personnalisables.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor