Pour ne citer, parmi les plus connues, que quatre – on en compterait aujourd’hui plus de 250 dans le monde – des plateformes de prêts directs aux entreprises, Zopa, Lending Club, Unlilend et Funding Circle ont toutes en commun de s’attacher, sur leurs sites, à expliquer ce qu’est le crowdlending, comment il marche. C’est qu’il s’agit d’un mode de financement encore assez nouveau sans doute. Mais, déjà, il se spécialise et, de ce point de vue, Look&Fin, la première plateforme belge de crowdlending affiche une assez nette différence. Nous en avons parlé avec son fondateur, Frédéric Lévy Morelle.
Aujourd’hui, en matière de crowdlending, deux orientations nettement distinctes apparaissent. D’un côté, des plateformes à vocation clairement locale, voire sociale, proposent essentiellement des financements de proximité. En France, Bulb in Town en représente un bon exemple.
De l’autre côté, le site de Look&Fin, sobre, clair, qui ressemble au site d’un fond d’investissement et qui met en avant des indicateurs financiers, marque particulièrement que le crowdlending gagne en maturité : simplicité, transparence (sur la méthode de rating), rationalisation (les différentes classes de risques) et insistance sur l’apport du financement participatif à des schémas plus larges de financement (son effet de levier sur les emprunts bancaires est souligné, comme son assimilation à des quasi fonds propres, du fait qu’aucune garantie n’est prise).
Look&Fin a été créé en 2012 par d’anciens membres de fonds d’investissement et cela se sent tout de suite. La plateforme propose à des prêteurs exigeants une sélection d’entreprises déjà lancées (un chiffre d’affaires d’au moins 300 k € et trois exercices comptables déposés) et, aux emprunteurs, une solution de financement fluide : des prêts – montés en moyenne en trois jours – allant de 50 à 400 k €, la plupart sur 3 à 4 ans (les créances sont matérialisées par des bons de caisse). A la différence de la plupart des autres plateformes comparables, Look&Fin ne propose pas aux prêteurs d’ouvrir un compte mais se positionne comme simple intermédiaire – toutefois, en cas de défaillance (cela ne s’est encore jamais produit), Look&Fin fédérerait les créanciers, reconnait Frédéric Lévy Morelle.
Sous de telles conditions, qui vont sans doute devenir générales au moins pour une bonne partie des sites de crowdlending, les perspectives deviennent globales. Look&Fin en offre aujourd’hui le meilleur exemple sans doute : transfrontalière, la plateforme est ouverte à des prêteurs et à des entreprises belges et françaises. Et Frédéric Lévy Morelle n’entend pas en rester là. Il prévoit d’être présent dans deux ou trois autres pays d’ici 2017.
Il s’agit donc de parvenir à bâtir une offre européenne, fondée sur la standardisation d’une méthodologie d’analyse des projets et des risques, largement inspirée des due diligences que mènent les fonds d’investissement, souligne Frédéric Lévy Morelle. Et une telle standardisation signifie aussi bien un plus grand pool de prêteurs pour les entreprises qu’une plus forte diversification pour les prêteurs – et la possibilité de travailler plus facilement avec différents partenaires, comme les banques, a-t-on envie d’ajouter.
Global vs local. Cette alternative semble inévitable dès lors que la finance participative va croître et se diversifier. Elle recouvre en effet deux logiques différentes que le crowdlending est à même de servir également : un objectif de placement et des intérêts de proximité. Deux objectifs qui ne peuvent être traités et satisfaits de la même façon. Look & Fin a pris pleinement conscience de cette évolution, qu’à ce stade il semble pourtant l’un des rares à avoir anticipée.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor