Le Président de l’UFC-Que choisir a récemment écrit un billet au vitriol contre la tarification par les banques des frais d’incident. Une charge partiale mais justifiée sans doute, qui souligne en fait un vide stratégique.
Quelques extraits de la charge de Que Choisir :
« Alors que l’inflation met sous tension le budget des ménages, Bruno Le Maire a annoncé en grande pompe ce mardi avoir obtenu de la Fédération bancaire française (FBF) l’instauration d’un « bouclier sur les frais bancaires ». Cet accord constitue pourtant un cautionnement de leurs pratiques de tarification outrancières, bien en deçà d’un plafonnement légal et global pour tous des frais d’incidents. (…) À titre illustratif, rappelons que les frais de rejet de prélèvement (refus de la banque d’honorer pour le client une facture d’électricité, par exemple) coûtent pas moins de 20 euros par opération, un montant 17 fois plus élevé qu’en Allemagne. (…) En outre, cette négociation ne revient pas davantage sur l’inacceptable liberté laissée aux banques de définir de manière discrétionnaire les publics qu’elles jugent « fragiles » avec à la clé de nombreux clients qui se voient privés d’un plafonnement de leur frais. »
Prenons ces éléments comme tels même si, dans son ensemble, la charge semble partiale. Il y a quelques mois en effet nous soulignions que, dans les faits, les tarifs bancaires ne cessent de baisser :
« Prenons néanmoins les hausses moyennes de tarifs calculées par le comparateur de Panorabanques. En 2017, ces tarifs ont augmenté de 1,7%, soit plus que l’inflation de 1%. Mais ensuite ? Ils n’ont augmenté en moyenne que de 0,25% en 2018. L’inflation était de 1,8%. Gelés par décision gouvernementale, les tarifs bancaires ont baissé de -1% en 2019, contre une inflation de 1,1%. Leur hausse n’a pas dépassé 0,2% en 2020, puis 0,6% en 2021 et finalement 1,5% début 2022, pour le coup très en deçà de l’inflation actuelle. »
- Cette baisse est inévitable. Elle est liée à la digitalisation des services bancaires qui, 1/ fournit un accès simplifié, automatisé aux opérations de base, jusqu’à opérer un véritable transfert de charge sur les clients pour certaines (virements, par exemple) ; 2/ permet l’entrée en jeu d’une multitude de nouveaux acteurs qui se développent en cassant les prix.
- Cet impact de la digitalisation était prévisible. A-t-il néanmoins été bien prévu ? De nouveaux revenus devaient venir compenser les baisses tarifaires ? Où sont-ils ? Dans l’attente, la tentation n’est-elle pas de monter les frais de certains services accessoires ?
- Nous l’avons souvent souligné sur ce blog, les banques sont prises dans une transition beaucoup plus lente que prévue et qui, souvent, avait été mal anticipée. Il faut investir sur de nouveaux canaux encore peu rémunérateurs, tout en supportant les charges liées aux anciens canaux qui, comme les agences, portent encore largement l’action commerciale.
- Entre les deux, peu d’offres vraiment innovantes sortent et sont fortement soutenues, notamment parce que les différents établissements ont les mêmes difficultés à passer d’une logique de produits à un accompagnement plus complet des usages.
Tout ceci se complique encore par l’effet de halo créé par les bons résultats des banques ces dernières années, qui rendent les nécessaires transformations moins urgentes. De bons résultats très liés néanmoins à une politique monétaire qui est en train de se retourner.