On parle de « connectivité » pour désigner la capacité d’une banque à communiquer de la manière la plus efficiente, en termes de coûts, de sécurité et de commodité, avec ses clients et leur proposer ainsi des services à valeur ajoutée. Cela désigne particulièrement la capacité pour une banque à interagir le plus directement possible avec ses entreprises clientes dans la gestion de leur trésorerie, pour leur proposer des services de cash management, de paiements, d’encaissement et de gestion des flux. La plupart des grandes banques se développent aujourd’hui sur ce créneau, pour accompagner les entreprises dans leur développement international. Mais aucune banque n’en a, comme HSBC, fait le socle même de sa stratégie, retenant à cet effet des options tout à fait innovantes et se positionnant ainsi ouvertement comme la première banque « globale ».
On connait bien entendu le concept de « banque universelle » : une banque présente sur tous les segments de l’économie financière et qui conjugue activités de marché et de détail. Depuis deux ans, HSBC développe plutôt le concept de ce qu’on peut nommer la « banque globale » : une banque largement déployée à l’international et capable d’accompagner ses clients, dans la plupart des domaines, sur tous les principaux marchés. Une banque dédiée aux acteurs de l’économie internationale.
Or, sous cette perspective, HSBC, présente dans 85 pays, a commencé par annoncer qu’elle allait réduire sa présence dans beaucoup de pays. Les observateurs y ont généralement entendu l’annonce d’un repli par temps de crise mais cela doit plutôt être compris en termes de connectivité. Plus une région est financièrement intégrée, comme la zone € avec le SEPA, moins la présence dans la plupart des pays y est justifiée pour une banque globale ; qui doit faire plutôt porter ses efforts sur les marchés émergents, où le cash management est effectivement crucial et où la connectivité devient un atout majeur, mieux même un axe stratégique : « presence in key markets that matter for international connectivity ».
Comment arriver cependant à développer cette connectivité ? C’est avant tout un problème technique : comment connecter les systèmes d’information d’une banque avec ceux, multiples et hétérogènes, de ses clients à travers une solution suffisamment commode, sécurisée et duplicable ?
Pour répondre à cette question, HSBC a regardé les choses avec un pragmatisme très anglo-saxon : il suffit de se fier aux standards qui existent déjà et de les promouvoir ! Pour le format des informations, choisir le XML ISO 20022 et abandonner la notion d’interfaces à développer avec les entreprises clientes en les invitant plutôt à rejoindre SWIFTnet. Ainsi, alors que beaucoup d’établissements auraient sans doute choisi de développer leurs propres standards et tenté de les imposer, HSBC externalise la solution et parie sur la constitution d’un écosystème reliant directement banques et entreprises, développé en collaboration et faisant baisser les coûts d’installation pour tous.
Certes, la solution SWIFTnet permettra à ses clients de changer facilement de banque, HSBC le reconnait. Mais cela lui permettra aussi bien de gagner de nouveaux clients. « Bank independance should be considered an opportunity more than a threat ». En fait, en invitant ses clients à rejoindre SWIFTnet, HSBC n’impose pas « sa » solution mais propose des services spécifiques « pluggés » sur cette solution. Et se positionnant parmi les premiers à le faire, elle est à même de développer un rôle de conseil et d’installateur d’une solution multi-banques ! Un coup stratégique classique mais toujours superbe quand il réussit : s’approprier une solution commune.
Au total, l’ensemble repose sur une approche « d’entreprise étendue » très innovante parmi les plus grandes banques :
- aujourd’hui, les stratégies bancaires les plus ambitieuses ne peuvent manquer de se fonder sur l’exploitation de solutions technologiques nouvelles
- mais ce n’est pas aux banques de développer ces dernières
- en fait, elles n’ont même pas forcément à les acheter mais peuvent compter sur une mutualisation en réseau pour répondre à des besoins réciproques
- les banques doivent plutôt s’efforcer de répondre aux besoins de leurs clients, tout en poussant leurs pions : présence sur les marchés émergents, développement de nouveaux services (les encaissements par exemple), développement à une échelle beaucoup plus globale des usines de paiements…
On peut en fait se demander si ces principes ne vont pas se généraliser à l’ensemble des activités bancaires…