EY vient de publier des analyses fondées sur une enquête américaine… truffée d’incohérences ! A ce point que, si ce n’était pas EY, ces résultats ne mériteraient sans doute pas qu’on s’attarde à essayer d’en débrouiller les messages. Pourtant, derrière d’apparentes confusions, ces résultats pourraient bien signaler de nouvelles tendances qui doivent certainement être prises en considération.
EY constate que, sous l’impact de la crise sanitaire, les banques ont perdu en bonne partie, surtout auprès des plus jeunes, la confiance qu’elles recueillaient auparavant. Selon les résultats de l’enquête, 37% des répondants ont davantage confiance dans des fintechs que dans des banques ; lesquelles sont citées comme premier tiers de confiance par 33% des répondants.
Le problème, cependant, est que ce tableau ne tient pas la route ! Les catégories d’établissements sont en effet beaucoup trop floues. S’il s’agit d’opposer de nouveaux modèles à ceux de la banque classique, il n’y a pas de sens à distinguer banques nationales, credit unions et banques régionales. Réciproquement, qui sont les « Digital Banks » si elles ne comptent pas parmi les fintechs ? Et qui sont ces dernières ? De combien d’entre elles parlent-on ? Les Big Tech y figurent-elles ? Il est dit que Paypal en fait partie, qui n’est pas exactement une jeune pousse. Enfin, que viennent faire ici les « Wealth Manager » ? S’agit-il de banques privées ? Mais combien d’Américains les connaissent et y ont recours ?
D’après EY, 31% des répondants déclarent avoir une fintech comme établissement financier principal (contre 6% en 2019). Aucune donnée de marché, ne valide une proportion aussi élevée ! (voir notamment ici). Par ailleurs, ces répondants qui accordent plus de confiance aux fintechs, ne sont que 53% à y déposer leur argent, contre 91% de ceux qui déclarent avoir une banque classique comme première relation. Un indice de confiance plutôt maigre ! Et, finalement, 91% des répondants marquent leur attachement aux agences, que les fintechs ne proposent pas – les jeunes étant même plus nombreux que les séniors à déclarer avoir l’intention de continuer à s’y rendre !
Bref, des chiffres à prendre avec précaution ! Pourtant, une tendance, incontestablement, se dessine : la confiance accordée aux établissements financiers est sans doute en train de fortement changer. Et ceci sous un double impact : au cours de la crise, la situation de nombreuses personnes s’est dégradée. Tandis que de nouvelles sources d’enrichissement sont apparues. A ce titre, le tableau suivant est assez précieux (nous ne lui connaissons pas d’équivalent pour la France) :
On le voit, au cours de la crise, de nombreuses classes d’âge ont été gagnées par l’inquiétude au sujet de leur situation financière. Au total, 46% déclarent avoir du mal à honorer leurs échéances de remboursement ou craignent d’être dans cette situation, ce qui est considérable.
Mais, dans le même temps, on le voit également, beaucoup parmi les plus aisés et les 25/44 ans se sont enrichis (bourse, immobilier, …).
Et, finalement, ce double constat ouvre une perspective aussi intéressante que peu explorée : les rapports de confiance et les choix vis-à-vis des établissements financiers dépendent fortement des perspectives financières du public. Oui, cela parait évident. Mais que sait-on exactement là-dessus ? De quelles données dispose-t-on précisément ?
Apparemment, en temps d’inquiétude, les attentes sont assez… basiques. Elles concernent prioritairement la protection des données. Non pas tant sous l’aspect de leur confidentialité (le souhait que ses données ne soient pas revendues n’est pas si fort montre le tableau ci-après). Il s’agit de sécurité. Point. En comparaison, on peut voir quelle importance est accordée à d’autres aspects, notamment les engagements relevant de la Responsabilité sociale et environnementale (tout en bas du tableau) :
Autre attente importante : gagner de l’argent, pouvoir passer par sa banque pour cela. C’est ainsi, par exemple, que depuis moins d’un an permettre à ses clients de spéculer sur les crytos a représenté 20% des revenus de Revolut (voir ici).
Au total, ces résultats déroutants annoncent sans doute qu’une anxiété financière croissante pourrait bien se traduire par une mise en concurrence des établissements beaucoup plus sauvage !
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