En France, 7% seulement de 2,6 millions d’étudiants portent actuellement un emprunt bancaire. Ils étaient 11% il y a 15 ans. La moitié des étudiants emprunteurs sont en école de commerce ; 60% dans les grandes écoles. La faute aux banques ? Mais les prêts aidés, bénéficiant de la garantie de l’Etat, mis en place en 2008, ont été loin de rencontrer le succès attendu. Certes, assez mal conçus, ils étaient onéreux. Il reste cependant que le marché des crédits étudiants paraît particulièrement limité en France.
Le coût des études y demeure mesuré en effet, tandis que si le coût de la vie est élevé pour les étudiants, ceux-ci n’empruntent pas pour leurs besoins quotidiens. 73% travaillent (77% en 2015), au cours de l’année ou l’été ; 30 % des étudiants sont salariés. Dans tous les cas, le revenu moyen est bas : 193 euros par mois. Dans ces conditions, 92 % des étudiants sont aidés par leur famille ou par leurs proches, à hauteur de 300 euros / mois en moyenne.
Avec tout cela, le budget mensuel moyen d’un étudiant est de 590 euros et 39% des étudiants terminent le mois à découvert. Conséquence : 67% renoncent à certains loisirs. Seulement une quarantaine d’euros est consacrée chaque mois pour aller au cinéma ou sortir boire un verre, 35 euros pour l’habillement ou encore 23 euros pour des activités culturelles comme l’achat de livres. On comprend, dans ces conditions, que les étudiants, à 83%, font très attention au prix quand ils achètent des produits alimentaires. 61% d’entre eux sont au fait des promotions commerciales et des bons plans proposés par les différentes enseignes de magasins. Malgré tout, 46% des étudiants déclarent ne pas avoir accès à « une alimentation équilibrée à chaque repas ».
Selon une enquête publiée par HSBC, les parents français déclarent dépenser en moyenne 9 000 € pour les études supérieures d’un enfant (soit 40% de moins que la moyenne mondiale : 16 338 USD ; 21 046 USD en Chine) Et les parents français ne sont que 32% à considérer que la réalisation d’un cursus d’études supérieures vaut l’investissement financier consenti et sont en moyenne 47% à déclarer ne pas connaître précisément le coût global de l’éducation de leurs enfants.
Pour financer les études de leurs enfants, les ménages débloquent leur épargne (à 97 % pour les revenus de plus de 4500 € nets par mois contre 75 % pour les revenus inférieurs à 4 500 €). Alors que 51% des parents craignent de ne pas disposer des ressources suffisantes pour supporter le coût de l’éducation de leurs enfants, la France ne dispose pas d’un support d’épargne réglementé et défiscalisé à cet effet, à l’instar du « Plan 529 » américain.
A noter : pour financer des études, 10% des ménages souscrivent un crédit à la consommation. C’est plus que le nombre d’étudiants qui bénéficient d’un prêt étudiant ! Malgré les dispositifs d’accompagnement publics (ex : garantie de BPI France avec certaines banques).
Pourtant, au moins 30% des prêts étudiants ne servent pas à financer des études mais des voyages, ou d’autres achats (comme les cryptos ces dernières années).
Les moins de 17 ans rapportent peu aux banques françaises (50 € en moyenne par an) et les 18-25 ans à peine plus (de 100 € à 150 € par an). Les banques ne peuvent pourtant manquer de s’intéresser aux étudiants : ils représentent leurs meilleurs clients de demain ! Aux Etats-Unis, la néobanque à succès SoFi a pris son essor en ciblant d’abord les étudiants. Or les besoins, les attentes des étudiants ne se limitent pas au crédit. Il y a donc bien d’autres façons pour les banques de les séduire et de leur être utiles. Pourtant, les exemples qui peuvent être cités paraissent rarement convaincants !
- Assistance
Beaucoup d’établissements ont lancé des portails spécifiquement dédiés aux étudiants. Parmi les plus récents, ainsi, Citizens (spécialiste des prêts étudiants aux Etats-Unis) a racheté College Raptor. En Inde, ICICI a lancé son Campus Power. Toutefois, en 2014, déjà, BNP Paribas avait lancé le Guide ultime de la vie étudiante et il faut reconnaitre que ces plateformes ont souvent du mal à durablement intéresser. Y compris quand elles s’efforcent de fournir des « bons plans » (les « Rendez-vous étudiants » de LCL sur Twitter, « Tips& tricks » du Crédit mutuel Arkéa) ou même une plateforme de jobs (comme la Commbank australienne s’y est essayée – en France, les Banques populaires soutiennent néanmoins Jobaviz). Sans doute parce que ce n’est pas là le métier des banques et c’est pourquoi Citizens a préféré racheter un portail déjà bien installé (depuis 2012).
Finalement, la tendance aujourd’hui est surtout de fournir des calculateurs pour permettre aux étudiants de préparer leur budget – ainsi ICICI ou TD Bank. Toutefois, HSBC l’inclus dans son Budget Planner tous publics, tandis que Barclays insiste davantage sur les Peer Reviews, pour que les étudiants sachent comment se débrouillent les autres.
- Dimension internationale.
Le public étudiant, aujourd’hui, n’est plus uniquement national. Cependant, beaucoup d’établissements ne l’ont toujours pas réalisé. Quelques initiatives paraissent néanmoins très intéressantes.
Qu’il s’agisse d’accompagner les étudiants qui partent à l’étranger, comme Attijariwafa Bank avec son Pack Stud’in pour les étudiants marocains résidant en France.
Ou qu’il s’agisse d’accueillir les étudiants étrangers, comme s’y emploie la CommBank australienne
Mais au total, rien de très nouveau ! Quant au financement des études, si certains sites de financement P2P dédiés aux étudiants perdurent dans le monde anglo-saxon (Prodigy Finance, Commonbond), ils n’ont guère eu de succès en France (Hellomerci). Aujourd’hui, aux Etats-Unis, Juno lance des appels au financement groupés pour obtenir de meilleurs taux. En France, les tendances prochaines vont plutôt concerner la souscription 100% en ligne de prêts étudiant bancaires et le développement des paiements fractionnés dans le domaine de l’enseignement.
Rien de nouveau, surtout, n’est apparu qui permette d’accompagner l’épargne, depuis la très intéressante initiative française de Capital Koala, qui a déjà plus de dix ans et quelques dispositions pour pouvoir faire bénéficier ses enfants de points de fidélité pour obtenir de meilleures conditions d’emprunt, mises notamment en place par la Casden – mais la tendance est désormais dans plusieurs établissements, comme LCL, d’offrir des conditions privilégiées pour les enfants des clients.
Sur un marché important, plus de dynamisme et d’imagination de la part des banques ne seraient pas inutiles !