En 2014, le crowdlending a connu un véritable boom. Aux USA, 9 milliards $ ont été distribués aux particuliers et 5 milliards aux entreprises. Lending Club est entré en bourse et a noué un partenariat avec Citi. Pourtant, si les investisseurs se ruent auprès des plus importantes plateformes, celles-ci rencontrent un délicat problème : comment attirer davantage de bons emprunteurs ? C’est ce qui est ressorti des échanges des professionnels réunis lors du LendIt USA le mois dernier.
Alors que les plateformes de crowdlending sont désormais nombreuses, au point qu’on puisse parler de suroffre dans le domaine de la finance participative, seules les plus importantes peuvent rémunérer des agents pour la recherche de clients. Encore la formule a-t-elle ses limites sur un créneau encore assez nouveau. La plupart des plateformes, grandes et petites, n’ont ainsi d’autres ressources que de nouer des partenariats, essentiellement avec d’autres sites internet ; ce qui, souvent, se révèle peu productif. Dès lors, des plateformes comme Credit Karma ont commencé à faire de la publicité à la télévision.
Le crowdlending rencontre ainsi un double problème :
- La base d’emprunteurs éligibles – ceux pour lesquels le crédit bancaire est trop onéreux ou peu accessible mais qui présentent néanmoins un profil de risque suffisamment bon pour ne pas dissuader les prêteurs – est bien plus étroite que l’on n’imaginait.
- Par ailleurs, en termes de visibilité, le digital a d’incontestables limites. C’est quelque chose que l’on ne souligne guère. Pourtant, assez peu de gens passent leur temps à surfer sur internet. Beaucoup, en fait, se contentent de consulter une poignée de sites et un certain nombre n’y vont pratiquement jamais – c’est encore plus vrai des prêteurs potentiels. Enormément de plateformes demeurent tout à fait inconnues de ceux qu’elles pourraient intéresser. Certes des comparateurs et courtiers en crowdlending sont apparus mais ils sont peu nombreux, généralement tournés vers les entreprises, comme Fundera, et aussi peu connus que la plupart des plateformes.
Ainsi, alors que le coût d’acquisition de clients ne peut que croître sensiblement, la disparition d’un certain nombre de plateformes ne pourra sans doute guère être évitée. Bien sûr, si le crowdlending, aussi bien que le crowdfunding dans son ensemble, pouvaient profiter d’un large réseau d’enseignes physiques pour relayer les besoins de leurs emprunteurs comme les opportunités offertes aux prêteurs, les choses seraient toutes différentes. Si, de plus, ce réseau était parfaitement armé pour détecter, à coût marginal, les clients potentiels et les orienter vers les plateformes ; voir même participer en partie aux financements, la solution serait optimale. Or de tels réseaux existent, bien sûr. Ce sont les réseaux d’agences des banques.
Les autorités financières britanniques l’ont bien compris, qui invitent désormais ouvertement les banques à orienter vers les plateformes de prêts participatifs certains de leurs clients qu’elles hésitent à financer directement seules. En France, où les choses sont un peu moins avancées, il convient de le souligner alors que plusieurs banques s’intéressent désormais de près à la finance participative.
T. Lowry/Score Advisor