Depuis janvier dernier, la Seconde Directive sur les services financiers (DSP2) est devenue applicable dans les pays de l’UE, ainsi qu’au Royaume-Uni. Conduira-t-elle à une redéfinition complète des services bancaires ? Beaucoup le pensent. D’autres se montrent plus sceptiques. Trois contributions sur le site Banknxt permettent de camper les éléments du débat.
En les obligeant à se moderniser et à répondre à la concurrence que sont à même de leur faire à la fois les fintech et les GAFA, la DSP2 va sauver les banques, estime un observateur. Qui invite en conséquence les banques à ne pas se focaliser sur la nouvelle réglementation, a priori défavorable pour elles, mais à être plutôt attentives au nouveau modèle de banque ouverte qui se met en place.
Will Beeson Don’t be distracted by Open Banking
A quoi ressemble exactement ce modèle ? Sur le même site, une interview d’un responsable de la néo-banque Starling permet de l’envisager.
Open banking with Starling Bank
L’idée que les banques ont tout à gagner à s’aligner sur un nouveau modèle ouvert est devenue assez commune. Mais le public suivra-t-il ? Chris Skinner souligne que les médias (britanniques) n’ont pas présenté la nouvelle réglementation à leurs lecteurs sous un jour particulièrement favorable. Bien des pesanteurs existent, ainsi, qui pourraient freiner considérablement les choses.
The disappointing arrival of open banking, and the optimistic future
A notre sens, les débats que suscite la banque ouverte manquent pour la plupart de prendre en compte un certain nombre d’éléments.
Ils opposent d’un côté les banques, forcément conservatrices et accrochées à des modèles dépassés et de l’autres les fintechs et les GAFA, innovateurs et conquérants. Cela revient néanmoins à oublier les efforts de nombreuses banques depuis des années pour bâtir des plateformes de services élargies, intégrant des offres non financières. C’est également négliger qu’en matière de banque ouverte, les réalisations les plus patentes restent à ce stade celles initiées par… des banques. Le Crédit Agricole, avec son CA Store, ou le Crédit Mutuel Arkea avec sa nouvelle appli Max se sont finalement montrés plus précurseurs et réactifs que la plupart des néo-banques.
Par ailleurs, la tendance est de trop limiter la problématique à ses dimensions immédiatement techniques. L’enjeu de la banque ouverte ne se limite certainement pas, cependant, à l’opposition Screen Scraping vs API. Il a trait à la dimension personnalisée qui pourra être donnée aux interfaces bancaires – et nous avons pu signaler, à ce titre, les démarches particulièrement intéressantes d’une néo-banque comme Atom. Par ailleurs, la banque ouverte va mettre particulièrement en avant la fonction de tiers de confiance. Une notion clé, dont le public crédite largement les banques, bien qu’elle demeure assez vague, faute de savoir ce que le public entend exactement par là ! Car c’est un élément frappant, que l’on retrouve face à bien des évolutions financières actuelles : appréhender de manière assez précise ce que le public en comprend et en retient ne parait pas un souci majeur.
H.B./Score Advisor