Depuis 12 mois, peu d’études aussi suggestives sont parues sur l’industrie bancaire que celle publiée par Deutsche Bank Research : IT in Banks: what does it cost? A notre connaissance, cependant, personne en France n’a trop parlé de cette courte note qui livre une série de constats éloquents.
1° Les dépenses informatiques des banques sont difficiles à appréhender et à comparer. Les seules sources un peu détaillées sont fournies par certains cabinets de consulting, dont les chiffres varient néanmoins considérablement. Au plan mondial, la dépense informatique des banques devrait représenter 270 milliards $ selon Celent et 460 milliards $ selon Gartner…
2° Le secteur bancaire dépense plus en informatique que les autres – mais vraiment plus : 7,3% du Produit net bancaire contre une moyenne tous secteurs de 3,7% sur CA !
Le montant de dépenses varie par ailleurs selon les activités bancaires :
3° Le principal poste de dépenses est représenté par les coûts de personnels, sachant qu’à cet égard les banques européennes dépensent significativement plus que les Américaines : 26% du budget IT de ces dernières, contre 27% en France, 34% en Allemagne et 37% au Royaume-Uni.
Ces chiffres semblent nettement favorables pour les banques françaises, par comparaison avec leurs consœurs européennes. Toutefois, si l’on y ajoute le recours à des personnels extérieurs et l’achat de services externalisés, on obtient un coût total d’achat de prestations informatiques internes et externes de 73% du budget IT des banques françaises, contre 67% pour les banques anglaises et allemandes. Les banques françaises ont seulement moins recours à des personnels internes, sans doute parce que ces derniers leur coûtent significativement plus cher :
Sachant que 70% des dépenses IT des banques relèvent de l’exploitation courante (« run the bank ») pour 30% consacré au développement, essentiellement applicatif (« change the bank »), l’étude souligne en conclusion qu’aucune liaison claire n’a pu être établie entre montant de dépenses informatiques et productivité bancaire.
Mais un autre constat s’impose aussi bien : la difficulté à maitriser des coûts informatiques sur lesquels reposent pourtant toute l’activité bancaire et par rapport auxquels les banques, bien plus que d’autres secteurs, sont soumises à de fortes contraintes réglementaires et de sécurité.
Si l’on demande aux banques, en général, pourquoi elles disposent de Directions informatiques aussi étoffées, elles répondent avec une inébranlable unanimité que l’informatique représente pour elles un domaine trop stratégique pour qu’elles puissent se dispenser de le piloter directement.
Pourtant, la conduite des budgets informatiques laisse place à un large flou, en termes de benchmarks, comme d’indicateurs permettant de suivre de manière pertinente l’impact de la hausse ou de la baisse des dépenses IT sur les charges opérationnelles de production, donc sur la productivité et les résultats. L’informatique représente ainsi trop souvent comme une charge avec laquelle les banques doivent composer, n’ayant guère la main sur son évolution. Exactement comme si les coûts IT correspondaient à l’achat de prestations extérieures, quoiqu’internalisées et, pour cette raison, n’offrant pas les possibilités de négociation et la flexibilité d’une véritable externalisation.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor