Un récent article de Wired signale qu’un sénateur démocrate américain a proposé de rendre obligatoire pour les entreprises de la tech, dont les GAFA, d’indiquer à leurs utilisateurs la valeur de leurs données personnelles, dès lors qu’elles sont à même d’être revendues à d’autres acteurs. Cela ouvre la voie à une rémunération pour l’exploitation de ces données, ce qui est un souhait de plus en plus partagé par les internautes. Néanmoins, parce que cela se heurterait à de nombreuses difficultés, montre l’article de Wired, cela ne parait pas très réaliste. Pourtant, compenser leurs clients pour l’exploitation de leurs données personnelles, les banques le font déjà !
Les banques sont particulièrement à même de vendre les données de paiement de leurs clients (si ceux-ci sont d’accord) à des commerces. Ces derniers peuvent alors beaucoup mieux cibler – à une échelle individuelle – leurs offres, qui s’accompagnent de promotions (essentiellement sous la forme de cashbacks). Lesquelles sont bien une sorte de rémunération des clients en contrepartie de la cession de leurs données personnelles.
En France, la presse a ainsi récemment présenté la startup Paylead, qui propose ce service aux banques et aux grandes enseignes. Il n’y a rien là de nouveau. Avec des fintechs comme Cardlytics ou CDLK, cela existe depuis des années aux Etats-Unis, comme en Europe et en France – où Banque Casino est le premier établissement financier à avoir lancé des cashbacks.
L’intérêt de ce schéma, c’est qu’il profite à tous : les clients y gagnent, les commerces trouvent à développer leurs offres de manière intéressante, les banques mobilisent une nouvelle source de revenus, qui leur permet également de fidéliser leurs clients. On peut donc penser que, comme aux Etats-Unis, la formule va se généraliser. Mais aussi se développer, en affinant et en enrichissant les analyses des données personnelles collectées. En rendant l’approche accessible aux commerces de proximité (plusieurs fintechs se sont lancées sur ce créneau). En l’élargissant à d’autres finalités, comme l’épargne. Dès 2011, Capital Koala a par exemple proposé un schéma selon lequel les achats par cartes génèrent des cashbacks, qui alimentent un compte d’épargne études.
Enfin, apparaît la perspective d’associer aux applis de paiement non seulement des galeries marchandes d’enseignes partenaires (cela a suscité d’assez nombreuses initiatives) mais une véritable régie publicitaire localisée – ce qui est par exemple l’enjeu du programme BankAmeriDeals de Bank of America.
En fait, on peut s’étonner que de tels développements ne soient pas encore davantage intervenus. Et cela invite à considérer que si les banques doivent innover, comme tout le monde le ressasse, cela ne suffit pas. Encore faut-il qu’elles se rendent compte de leurs propres innovations et qu’elles les fassent largement connaitre !
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