Ces deux grandes banques espagnoles ont réussi à solidement s’implanter sur des marchés très éloignés de leurs territoires d’origines, ce qui est assez exceptionnel par rapport aux autres grandes banques américaines et européennes. Cela semble néanmoins les pénaliser désormais.
Un récent article de l’Agefi fait ainsi part d’une étude d’UBS, publiée début août, qui entend expliquer pourquoi les valorisations des numéros un et deux espagnols restent à la traîne cette année par rapport à leurs concurrentes domestiques.
La faute, selon UBS, à une conjonction de facteurs parmi lesquels compte particulièrement la prudence des investisseurs face aux risques des marchés émergents dans un contexte de dollar fort, de faibles réserves de capitaux mais aussi des risques particuliers liés à l’exposition des deux banques à des marchés complexes comme la Turquie pour BBVA ou le Brésil pour Santander.
La Turquie affichait encore récemment une croissance résiliente mais une forte inflation, provoquant la dépréciation de sa monnaie. Tandis que la politique du président Erdogan suscite l’inquiétude.
Le Brésil (où Santander a quand même réalisé un bénéfice sous-jacent de 1,365 milliard d’euros de janvier à juin !) connait lui aussi une forte inflation. Et l’on craint que l’élection présidentielle en octobre n’entraîne une volatilité des marchés.
Quelque chose est frappant dans ces visions – pour ne pas dire dans cette cécité – des investisseurs, que relaie UBS. En somme, il y a le vieux monde, celui des pays de l’OCDE, qui demeure bien solide, tandis que le monde émergent reste plein de risques et, disons-le, ne parait toujours pas vraiment sérieux à leurs yeux.
Car, en regard de ces analyses, pas un mot sur le Royaume-Uni et l’Espagne, deux autres pays où Santander est solidement implantée, dont il est pourtant difficile de croire qu’avec la récession et la crise énergétique qui s’annoncent en Europe, ainsi qu’avec leur sensibilité à la remontée des taux à laquelle les expose leur surendettement public et privé (à quoi il faut ajouter l’effondrement de l’euro pour l’Espagne), ces deux économies présentent des perspectives beaucoup plus solides.