Pour faciliter la mobilité bancaire, c’est-à-dire le changement de banque, certains avaient recommandé l’adoption d’un compte bancaire universel. Un compte dont l’identification ne change pas quelle que soit la banque. L’idée n’avait pas été retenue dans le cadre de la loi du 6 février 2017. Par crainte de mettre les banques en difficulté ? Sans doute. On peut cependant se demander aujourd’hui si, dans un contexte plus difficile, les banques n’auraient pas tout intérêt à adopter ce principe.
L’idée a été suggérée il y a quelques mois dans une intéressante tribune par un banquier indien, Sunil Shanghai. Un banquier qui affirme qu’il est temps de voir plus loin que la banque digitale. En s’appuyant sur trois éléments clés :
- Un compte universel pour tous, ouvert dans un fichier centralisé.
- Ceci permettant de centraliser également et donc de mutualiser les tâches administratives d’ouverture de compte (KYC) pour tous les établissements.
- Et le tout facilitant un partage entre les établissements des infrastructures de distribution: automates et agences.
Exactement comme les antennes télécom sont utilisées par plusieurs opérateurs, plaide Sunil Shangai. Qui, dans la foulée, envisage que la gestion même des comptes soit centralisée et ceci au niveau de la Banque centrale indienne.
Cette dernière perspective recoupe certaines spéculations actuelles concernant les monnaies numériques que développent les Banques centrales. Ce qui ne surprend pas dans un pays comme l’Inde, très engagé dans l’identité digitale et la suppression du cash. Un pays où la très forte généralité des pratiques « informelles » (pour nommer pudiquement corruption et détournements de fonds publics) peut faire regarder comme libératrice une vaste surveillance numérique exercée par l’Etat, qui serait vue comme liberticide dans nos pays.
Mais en l’occurrence, une centralisation de niveau Banque centrale n’est pas nécessaire pour développer les trois éléments ci-dessus. Les banques peuvent très bien d’elles-mêmes s’organiser pour mutualiser et développer des services en commun, comme elles l’ont fait par exemple en France pour la monétique.
L’article est surtout intéressant en ce qu’il dévoile une perspective finalement peu envisagée, dès lors que la banque digitale est surtout considérée comme source d’économies de structures sous l’angle commercial de la distribution. Bien plus que pour les activités administratives, pour lesquelles on compte davantage, sans doute un peu vainement, sur le développement – pourtant onéreux – de la robotique.
L’article, aussi bien, met en avant différents cas de figure à travers lesquels l’optimisation de process à faible valeur ajoutée, comme le KYC, peut se traduire par davantage de commodité pour les clients. De tels cas de figure ne sont pas si fréquents.
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