McKinsey n’a pas très bonne presse en France actuellement. Il vaut néanmoins certainement la peine de prendre connaissance d’une récente publication du McKinsey Institute for Black Economic Mobility. En France, son approche pourra choquer. Et pourtant…
Nous n’entrerons pas ici dans le contenu – fort intéressant – de la publication, fondé sur une étude menée en 2021 quant à l’accès des familles noires aux services financiers aux Etats-Unis, car c’est l’approche qui nous semble d’abord devoir être soulignée.
- L’étude pointe de terribles réalités, telles que le fait qu’en 2019, la richesse moyenne des familles noires ne représentait qu’un huitième de celle des familles blanches.
- Toutefois, McKinsey ne traite pas ce constat sous l’angle de l’indignation mais s’efforce de montrer que, compte tenu des frustrations et des attentes de la communauté afro-américaine, les banques passent à côté d’un énorme marché estimé à 225 milliards de dollars.
« The current state presents an opportunity for financial-services providers. McKinsey research shows that Black consumers are more likely than their non-Black peers to be looking to spend more on new banking relationships and financial services more broadly. Key stakeholders in financial services—such as retail banks, wealth managers, and insurance providers—can contribute to more-equitable experiences for Black consumers and earn their loyalty and spending. We estimate that from 2022 to 2030, the financial-services providers that offer more-equitable, more-accessible, and better products and services can win $225 billion in cumulative spending from Black consumers (excluding organic growth). »
- A partir de là, McKinsey énumère un certain nombre de (profondes) transformations que les banques devraient engager à l’adresse de ce marché. Mieux même, le cabinet montre qu’en fait ces transformations, inévitables et déjà engagées au sein des banques, pourraient viser la communauté noire parmi ses premières cibles.
- Bien entendu, l’approche, toute mercantile, peut paraitre choquante. Mais en termes de mise en action, elle peut également paraitre assez efficace. Ce qui souligne que ces dynamiques de marché restent souvent trop ignorées en France.
Cela nous fait penser à ce que nous disait récemment un responsable d’un grand groupe bancaire mutualiste français, qu’en matière de responsabilité environnementale on ne traite en France la question que sous l’angle de l’engagement et de la responsabilité, qu’en termes quasi moraux donc ; personne ne soulignant, par exemple, ce qui est pourtant déterminant, que les entreprises engagées dans la transition énergétique présentent en moyenne un profil de risque plus favorable, une solidité financière et managériale supérieures. Le business aussi peut contribuer à changer les choses.