Au cours de l’été, sur MoneyVox, Vincent Mignot a publié une série d’articles, appuyés par des sondages, sur le désamour des Français vis-à-vis de leurs banquiers. Et c’est peut-être la première fois que l’on traite ainsi de manière explicite une réalité aussi déterminante que rarement considérée.
Pourquoi ce désamour ? Il n’est pas majoritaire sans doute. Mais cela ne signifie pas que la plupart des clients adorent leur banquier ! Loin de là, dès lors que de nombreux points de crispation existent et tandis que les incivilités sont vives vis-à-vis des personnels bancaires – sans parler des agences, prioritairement ciblées lors des débordements violents en marge de manifestations.
Les différents articles de la série retracent ainsi l’évolution des relations banques/clients au fil des dernières décennies. Ils explorent nombre de ressentis face aux banquiers et l’image que le public se fait d’eux (pourquoi ils passent souvent pour des privilégiés). Des explications sociologiques sont également mobilisées.
Ces différents papiers ont ceci de très intéressant qu’ils invitent à formuler ce que tout le monde sait et ressent, au fond, mais dont on ne parle jamais : la situation psychologiquement très particulière du rapport à sa banque.
Comme il est décrit, la demande de crédit immobilier cristallise particulièrement cette situation : votre banquier sait presque tout de vous et il vous juge. Ce que vous gagnez et ce que vous en faites. Ce que vous pouvez espérer. La situation n’est pas banale. Sachant que, de plus, les banques sont sans doute les seuls commerces qui ont le pouvoir de vous dire brutalement : non ! Sans crainte de perdre vraiment un client, tant il y a de gens qui ont besoin d’argent.
Il n’est pas difficile de comprendre qu’une telle situation puisse être mal vécue et générer des ressentiments. Car ce n’est pas seulement que ses espoirs peuvent s’évanouir à l’occasion d’un refus, c’est qu’une telle situation peut facilement prendre une tournure quasiment humiliante.
Il n’est donc pas très étonnant que les Français souhaitent majoritairement que la banque soit un service public.
C’est que si des moyens existent pour éviter ce genre de situation, notamment en termes d’accompagnement au crédit ou d’explicitation des frais et tarifs, les banques françaises ne s’en sont jamais emparées. Alors même qu’elles ne parlent désormais plus que « d’expérience client »…
Pour autant, le souhait est assez surprenant. Car si les banques françaises ont – jusqu’ici – toujours fait comme si le problème n’existait pas, c’est en considérant qu’elles exerçaient, après tout et comme les administrations, un service non pas commercial mais public.
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