Les banques françaises ont ceci de très particulier que quand elles innovent ou proposent quelque chose de nouveau, quelque chose de fort, elles semblent tout faire pour que leurs clients ne le sachent pas ! La presse oui, à la limite. Mais c’est tout. Nous faisions ce constat, déjà, il y a dix ans. Les choses n’ont visiblement pas beaucoup changé. Démonstration.
La page Actualités du site de BPCE informe que la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire propose, depuis le 1er mars aux victimes de violences conjugales, une solution comprenant le fonctionnement d’un compte bancaire personnel entièrement gratuit pendant les 2 premières années ainsi que la possibilité d’une autorisation de découvert. Ce dispositif peut être demandé sur simple appel auprès d’une équipe dédiée. En donnant facilement accès à un compte bancaire, cette solution permet aux victimes de percevoir elles-mêmes leurs prestations sociales, ce qui constitue un élément clé pour pouvoir prendre leur autonomie.
Dans la mesure où cette initiative suit la loi Létard, créant une aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales, votée le 16 février 2023, on peut se demander pourquoi la seule Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire semble l’avoir prise. Mais, quoi qu’il en soit, une telle initiative mérite d’être connue, non ?
Un communiqué de presse a effectivement été produit. On y apprend que le déploiement de cette offre est effectif depuis le 1er mars sur deux régions. Et que, par ailleurs, une expérimentation visant à améliorer le dispositif sera conduite avec le département du Maine-et-Loire, dans le cadre de la loi Létard. La Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire ajoute qu’elle est ainsi fidèle à ses valeurs d’innovation sociale, puisque la Caisse d’Epargne a également été la première banque à donner accès à l’épargne aux femmes, via le Livret A en 1881.
Fort bien. Le 14 mars 2023, nous nous rendons sur le site de la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire et sommes surpris de n’y trouver aucune mention explicite de la nouvelle mesure. Nous tapons donc « violences conjugales » sur le moteur de recherche. En vain :
Nous essayons ensuite le chatbot, sans plus de succès :
Voilà donc, après des années et quelques millions de frais de consulting engloutis dans la transformation agile et la centricité client par les banques françaises, où nous en sommes aujourd’hui. A proposer une excellente mesure, qui n’attend que d’être connue des personnes qui pourraient en bénéficier !
MAJ : la Caisse d’épargne Bretagne pays de Loire a immédiatement réagi à cet article :
Bonjour,
Votre article du 27 mars sur la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire affirme qu’aucune information n’est disponible sur notre site concernant notre dispositif pour les victimes de violences conjugales. Or l’information est bien en ligne depuis le 7 mars (lien ci-dessous) et nous avons diffusé 12 encarts publicitaires dans toute la PQR le 8 mars pour faire connaitre ce dispositif. https://caissedepargnebretagnepaysdeloire.fr/la-caisse-depargne-bretagne-pays-de-loire-cree-une-solution-douverture-de-compte-pour-les-victimes-de-violences-conjugales/
Dont acte. Mais cela ne change malheureusement en rien nos interrogations.
Le lien adressé renvoie simplement au blog d’actualité de l’établissement.
Pourquoi une mesure aussi louable, qui en plus sert l’image de l’établissement, n’est-elle pas mise en avant en tête de gondole ? Pourquoi la première page du site n’en fait-elle pas mention, ni le bot ?
S’agit-il d’un choix ? Mais quelles en sont les raisons ? Cela relève-t-il de difficultés techniques ?
Encore une fois, ce qui est frappant c’est que la problématique est générale de la part des banques françaises.