Une enquête menée par Opinion Way pour la 3° édition d’une étude de Colombus Consulting sur les modèles et services de la banque de demain révèle deux signaux, faibles mais notables, en faveur des banques classiques.
- « La banque de détail traditionnelle semble avoir bénéficié fin 2022 d’un regain d’intérêt, probablement lié au contexte économique incertain. Ainsi, 34% des personnes interrogées ont opté pour une néo-banque ou une banque en ligne en 2022 contre 39% en 2020 (-5 points).
- Les agences bancaires ont enregistré en 2022 une légère hausse de fréquentation : 72% des personnes interrogées se sont rendues en agence au moins une fois l’année dernière (+4 points par rapport à 2020). Une évolution qui souligne le besoin d’accompagnement d’un conseiller à l’écoute, en complément de services digitalisés de plus en plus plébiscités. Ainsi, 82 % des personnes interrogées seraient intéressées par au moins un de ces services (de conseil) via leur interface bancaire (+ 4 points par rapport à 2020). »
Comment interpréter ces chiffres qui, quoique relativement faibles, n’en signalent pas moins une inversion de tendances ? Cela tient-il au contexte économique incertain ? Aux difficultés rencontrées par les néo-banques à conserver un rythme d’investissement soutenu et à assurer leur rentabilité depuis fin 2022 ?
Tout cela suffit-il à expliquer les constats suivants ? :« Nous constatons une attrition plus marquée chez les clients des banques digitales ainsi que chez les moins de 35 ans au bénéfice des banques traditionnelles qui ont retrouvé leur attrait depuis la fin de la crise sanitaire. Parmi les 7% de sondés qui ont changé de banque en 2022, 45% se sont dirigés vers la banque traditionnelle. »
Par ailleurs, « si 72% des sondés se sont rendus en agence au moins une fois au cours de l’année, 62% des Français comptent se rendre dans leur agence bancaire à l’avenir. Cette tendance de hausse de la fréquentation des agences pourrait se poursuivre dans les prochains mois, notamment chez les moins de 35 ans : 11% d’entre eux prévoient s’y rendre plus fréquemment et 75% souhaitent s’y rendre pour bénéficier de services. En effet, les personnes interrogées souhaiteraient désormais échanger physiquement avec leur conseiller. Seuls 8% des clients ont eu recours à un rendez-vous en visioconférence avec leur conseiller en 2022, soit 8 points de moins par rapport à 2021. Cette tendance est amenée à se poursuivre puisque plus d’1 Français sur 2 déclarent ne pas être intéressés par un rendez-vous à distance. »
De fait, on peut certainement reconnaitre que ces constats indiquent que dans un contexte économique moins favorable à la concrétisation des projets personnels, le besoin de réassurance, acquis à travers un contact direct physique, se trouve renforcé chez beaucoup de clients.
Mais un autre élément de contexte nous semble devoir être invoqué : la hausse des taux et la ruée, patente depuis un an, qu’elle provoque vers une épargne liquide rémunérée (alors que la tendance, ces dix dernières années, était de laisser son argent sur son compte courant).
Bref, ce sont peut-être les livrets – livret A en tête – qui jouent aujourd’hui en faveur des banques. Et sans doute assiste-t-on à un retour à la banque des dépôts, pour lesquels les institutions classiques bénéficient d’un coefficient de facilité et de confiance dont ne disposent pas leurs récents challengers.
Permettez-nous, ainsi, de rappeler un article que nous publiions il y a un an : Quand la première banque mondiale parie sur l’ouverture d’agences et la collecte de dépôts, a-t-elle trente ans de retard ou cinq ans d’avance ?