Nous avons sélectionné ci-après trois articles portant sur des sujets totalement différents mais qui ont en commun d’indiquer, chacun à sa façon, trois orientations susceptibles de devenir déterminantes dans le domaine des services financiers. Trois orientations qui paraissent néanmoins échapper à ce stade aux grilles d’analyse les plus courantes. Comme les pièces d’un puzzle dont manquerait l’image d’ensemble.
Emmaüs, l’ensemble d’associations luttant contre la précarité et le mal-logement, a lancé une appli mobile pour aider à gérer son budget. Pour la première fois ainsi, un outil de PFM (réalisé avec de nombreux appuis, dont celui de la Banque postale) est proposé par un acteur, SOS Familles Emmaüs, qui ne compte nullement parmi tous ceux – fintech, néobanques, GAFA, opérateurs téléphoniques – que l’on estime capables de faire concurrence aux banques. Or cela montre surtout deux choses : à quel point, particulièrement dans le contexte de la DSP2, la typologie des futurs acteurs des services financiers est à même de s’élargir et surtout à quel point sont susceptibles de se banaliser des offres de Personal Finance Management, lesquelles représentent pourtant le fer de lance de nombre de banques, néobanques et fintech en matière d’offre digitale innovante.
Billet de banque. Gérer votre budget avec la nouvelle application mobile Emmaüs !
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Au Canada, Servus, un Credit Union de l’Alberta a développé des camions qui permettent de jouer, en équipe, à s’échapper d’une banque, comme si l’on se retrouvait prisonnier d’une salle des coffres. C’est un exercice d’experiantial marketing, qui veut faire vivre une expérience radicalement nouvelle avec une marque. Étonnant ? En France, la gamification a été un peu trop vite rangée parmi les modes déjà dépassées. En fait – nous y avons consacré un dossier – de plus en plus de banques entendent bien l’utiliser pour bousculer radicalement codes et images. Or des bouleversements suivront forcément d’initiatives aussi inattendues. Au seul bénéfice des établissements qui auront ainsi osé ? Allons-nous voir apparaître de fortes différences d’images entre les banques ?
The Financial Brand. The great bank espace: a truly unusual, interactive « mobile experience ».
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En fait d’image, celle des banques pourrait très défavorablement évoluer de manière exogène, au vu de ce qui se passe… en Chine ! Il y a deux ans, nous présentions Sesame Credit, un système de scoring bancaire agrégeant et notant comme bonnes ou mauvaises nombre de données comportementales des individus. Dès lors, le score de crédit peut devenir un indice global de réputation sociale, utilisable dans bien d’autres domaines. En mai prochain, ainsi, il sera étendu à l’ensemble des transports chinois, lesquels seront interdits plus ou moins temporairement aux individus mal notés. Dans un pays où la reconnaissance faciale se généralise dans les villes, gare à ceux dont le score de crédit sera mauvais !
Face à une telle annonce, l’erreur serait certainement de considérer que ces perspectives assez cauchemardesques ne concernent après tout que la Chine. D’abord parce que sous d’autres formes, les credit scores pourraient aussi bien devenir ailleurs autant de social scores. Ensuite parce que dans un contexte de sensibilité de plus en plus forte du public quant à l’utilisation des données personnelles – voir les actuels déboires de Facebook – l’idée, à partir de l’exemple chinois, pourrait rapidement se répandre que les banques, demain, assureront le rôle de contrôleurs sociaux dans le cadre d’une surveillance généralisée.
Challenges. « Big Brother » en Chine pénètre dans les transports.
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Trois initiatives isolées, ainsi, qui invitent à quelques réflexions d’ensemble !
T. L. /Score Advisor