Ce qui est bien avec le crowdfunding actuellement, c’est que ça bouge. Vite. Et ça cogite ! Il y a peu, nous présentions Spear, dont le modèle original et très intéressant se fonde sur une mise en perspective réfléchie des enjeux du crowdlending. Voici, sous un autre registre, celui de la finance participative au capital de startups et de PME de croissance, Kiosk to invest, dont vous n’avez probablement jamais entendu parler, ce qui est normal : la solution est encore en phase de lancement, la plupart des pages du site demeurant en chantier.
Kiosk to invest part d’un constat et en pousse à bout la logique : que sont les plateformes de crowdfunding finalement ? Des bourses. Particulièrement lorsqu’elles concernent le financement en capital d’entreprises. Des bourses mais réduites à leur plus simple expression : la rencontre d’offres et de demandes et la réalisation de transactions de vente et d’achat de titres. D’assez nombreuses plateformes sont apparues à cet égard dont, parmi les plus connues, Anaxago ou Wiseed (avec laquelle BNP Paribas est entrée en partenariat). Seulement, si les internautes peuvent y acheter des titres, ceux-ci n’ont guère de liquidité – c’est là un risque et donc un frein important pour des particuliers investisseurs venus souvent chercher surtout des opportunités de défiscalisation d’IR et d’ISF.
Pour y remédier, Kiosk to invest a trouvé une solution : introduire les titres acquis sur une vraie bourse – une solution simple mais qui ne pouvait se dégager qu’au terme du constat ci-dessus.
Lancée par la Chambre de commerce de Caen, ce qui est déjà atypique, et ayant rallié d’autres CCI, Kiosk to invest vise des levées de fonds de 100 000 € à 5 millions € pour des startups ayant déjà un chiffre d’affaires significatif ou pour des PME de croissance ayant un ancrage local. Comme les plateformes citées ci-dessus, elles leur propose un accompagnement (due diligence, présentation et campagne, avis d’experts) et surtout une inscription au second marché d’AM France Alternativa, la bourse en ligne des PME de croissance, lancée en Suède en 2003. La boucle est bouclée ainsi : les titres sont cotés et échangeables sur un marché secondaire et Kiosk to invest est aussi bien une plateforme de crowdfunding se prolongeant en bourse que, pour une bourse, un moyen de se déployer dans le crowdfunding.
Certains puristes y verront peut-être un dévoiement du crowdfunding, dont Kiosk to invest s’occupe plus précisément d’un segment particulier, n’ayant vocation à ne financer que des augmentation de capital pour des entreprises prometteuses. Encore toute naissante, la solution appelle bien entendu un certain nombre de questions et d’éclaircissements. Elle ne peut cependant plus être ignorée.
Guillaume ALMERAS/Score Advisor
Merci à Valentine de Dreuille de nous avoir signalé cette solution.